Critique de Chattologie de Louise Mey, vu le 19 juillet 2018 au Pandora
Avec Klaire fait Grr dans une mise en scène de Karim Tougui
Voilà un spectacle choisi de manière bien particulière ! Recevant un courriel de présentation il y a quelques semaines, je me suis évidemment arrêtée sur ce titre quelque peu provocateur ainsi que sur l’affiche qui, si je la trouve très réussie, est aussi très évocatrice. Fidèle à mon siècle, j’ai immédiatement tweeté mes réactions face à la découverte de ce spectacle, pour finalement proposer un petit jeu à mes abonnés : et s’ils décidaient eux aussi de ce que j’irai voir au OFF ? S’ils le souhaitaient, j’irai découvrir ce spectacle qui m’intrigue. Sondage créé, les twittos ont parlé, et me voilà à réserver pour un spectacle qui me fait peut-être un peu sortir de ma zone de confort. Intéressée.
Cette chattologie, c’est donc une conférence autour des menstruations, pour en apprendre plus aux femmes qui n’auraient pas poussé le sujet très loin, mais surtout, Klaire fait grr l’annonce dès le début du spectacle, pour contrer les clichés des hommes et le détruire le tabou autour des règles. Et tout y passe : anatomie, explication physiologique et déroulement détaillé des règles, protections hygiéniques utilisées aujourd’hui et leurs alternatives, la désertion des gynécologues (les chiffres sont effrayants), etc.
Si je n’ai pas appris grand chose au cours de cette conférence – mais je pense que je fais partie de celles qui se sont déjà beaucoup renseignées sur le sujet – elle m’a quand même servi de piqûre de rappel quant au chemin qu’il reste à parcourir pour dédiaboliser les règles. Il est clair que la différence est encore grande entre la manière de parler du sexe masculin et du sexe féminin dans les moeurs, et le spectacle a ce talent de nous faire passer le message tout en humour. Mention spéciale au début du spectacle qui m’a simplement fait hurler de rire. Et je n’étais pas la seule.
C’est une conférence plus qu’un spectacle : même si elle incarne 3 personnages différents, je ne pense pas que Klaire fait grr prétende jouer un autre rôle que le sien. Au niveau du jeu, d’ailleurs, on reprochera une diction un peu trop brutale – j’ai cru déceler au départ un léger accent belge, mais en fait non. Mais il faut reconnaître que l’écouter parler de ce sujet, de son sujet, reste très agréable. On sent que ça lui tient à coeur, on sent un véritable désir de transmettre.
Petit regret cependant : lors de la présentation des règles vient l’inévitable slide sur la douleur qui accompagne l’épisode. Pas un mot (enfin si, un, mais trop bref, et bien plus tard), sur l’endométriose, maladie pouvant entraîner ces douleurs et encore trop méconnue en France. La douleur liée aux règles est trop souvent banalisée, et elle l’est à nouveau dans le spectacle, alors qu’elle peut être liée à cette maladie, grave, qui touche 1 femme sur 10 aujourd’hui en France. Il aurait été important pour moi d’en parler plus longuement.
Klaire fait grr brise les tabous. Mais ceux qui vont la voir en ont-ils vraiment ? Vous avez 1 heure.