Critique de Christophe Alévêque, Revue de presse, vu le 17 juillet 2018 au Théâtre du Chien qui fume
De et avec Christophe Alévêque
Chaque année (ou presque), lors de la présentation de saison du Rond-Point, Christophe Alévêque monte sur scène pour présenter son prochain spectacle. Chaque année, je ris jaune, je ris noir, je ris rouge et je ris bleu devant son petit pitch de présentation. Chaque année, je me dis que cette fois-ci, il faut vraiment que je réserve. Et chaque année, prise par le temps, je remets à plus tard. Plus tard, c’est donc aujourd’hui, puisque le Théâtre du Chien qui fume me permet de rattraper tout le temps perdu.
C’est un véritable exercice auquel se prête Christophe Alévêque : une revue de presse. Chaque jour, peut-être plutôt chaque semaine, son spectacle traite de l’actualité. Mais de l’actualité vraiment actuelle, ce qui fait que le spectacle change, il évolue, il n’est d’ailleurs probablement que partiellement écrit. Ce jour-là, évidemment, la coupe du monde a eu la part belle. Mais pas que : le fait divers concernant la joggeuse, le harcèlement sexuel, et Macron, toujours Macron – le président revient tellement souvent sur le tapis qu’on sent que le sujet, bien qu’il l’énerve, lui tient à coeur.
Évidemment, sa revue de presse est à charge. A charge… contre tout le monde. Très politique, son spectacle tacle les partis de tous les côtés. Il fustige ceux qui ont voté Macron dès le 1er tour, mais rit également des socialistes dont il a presque oublié l’existence de s’inquiète sur la montée en puissance de Laurent Wauquiez. Dans la salle, quelle que soient les affinités, il fait consensus. Il faut dire que dans son registre, il est bon. J’ai ri à tout, même lorsqu’il attaquait mes valeurs.
Bien sûr, il faut aimer le personnage. Il joue au bourru, rappelle le personnage de Radio-Bistrot de Anne Roumanoff avec sa diction approximative. Il m’évoque aussi Arditi dans sa manière d’exagérer, d’accentuer, de répéter certaines des critiques qu’il assène. Un peu malade le jour où je l’ai vu, j’avoue qu’au bout de 1h20 de spectacle je commençais à fatiguer. Il faut dire qu’il va à 100 à l’heure et ne diminue jamais le rythme – ni le niveau sonore.
Le public, à mon avis conquis d’avance, le pousse par ses rires à aller toujours plus loin dans son rôle de commentateur polémique. Et il va loin, mais sans jamais tomber dans la vulgarité. Malgré ses excès, on sent qu’il est à l’écoute des moindres réactions des spectateurs. Et qu’à travers ses cabrioles oratoires, il a un vrai message à faire passer, qu’il est content de pouvoir partager.
Et nous, contents de l’écouter.