


Il y a de multiples recettes de rouille et, comme la plupart des spécialités gastronomiques, chacun a sa manière propre de la confectionner. Par ailleurs, il existe une forte dissension entre l'est et l'ouest - Palavas et Sète - quant à la préparation de la rouille. Histoire de se démarquer en toute élégance a été créée la Confrérie de la rouille palavasienne dont les costumes jaunes et rouges sont ornés d'un poulpe, ce qui semble indiquer leur préférence, au détriment de la sèche, plutôt prônée à Sète. Qu'importe, la base est identique : une sauce à base de tomate, de vin blanc, de laurier dans laquelle fondent les pommes de terre et les crustacés et à laquelle, au dernier moment, on ajoute le célèbre aïoli, ce qui contribue à donner au plat la teinte qui justifie son nom. Lors de la fête de la mer, ce sont donc les membres de la confrérie qui, au terme d'une attente fiévreuse et remplie de suspense et habillés de leurs tabliers, servent enfin la rouille à tous les présents. Un moment qui tient presque du religieux. Un drôle de mélange Si la préparation de la rouille obéit à des règles précises, le contenu de la fête ressemble plus à un gloubi boulga de religion, de politique et de gastronomie dans lequel le touriste attentif aura un peu de mal à se retrouver. L'observateur moins avisé se contentera d'un sourire béat sous les lumières multicolores du feu d'artifice final. Pourtant, à y regarder de plus près, ce qui est en jeu n'est rien d'autre que la perpétuation des traditions, lors de cette fête gaie, animée, pleine de ferveur, de musique, de réjouissances gustatives et de Méditerranée.