Une femme entre nous de Greer Hendricks et Sarah Pekkaen 4/5 (26-06-2018)
Une femme entre nous (456 pages) est disponible depuis le 24 Mai 2018 chez Sonatine (traducteurs : Corinne Daniellot et Pierre Szczeciner).
L’histoire (éditeur) :
En lisant ce livre, vous allez faire beaucoup de suppositions. Vous allez croire que c’est l’histoire d’une femme jalouse, délaissée par son mari. Vous allez penser qu’elle est obsédée par la maîtresse de celui-ci, une femme plus jeune qu’elle. Vous allez vous dire que vous connaissez déjà toutes les facettes d’un tel triangle amoureux. Un conseil : laissez tomber toutes vos hypothèses. Jamais vous ne pourrez imaginer ce qui se cache derrière les apparences, ni anticiper les multiples rebondissements qui émaillent ce livre. À la façon de Gillian Flynn, Greer Hendricks et Sarah Pekkanen ont élaboré une construction inédite, littéralement diabolique, afin de nous faire éprouver l’espoir et le désespoir des femmes, l’usure du couple, l’amitié féminine, tout cela sous couvert d’une intrigue captivante et de personnages bouleversants. Best-seller depuis sa sortie aux États-Unis, bientôt traduit dans plus de trente pays, en cours d’adaptation cinématographique par la maison de production de Steven Spielberg, plus qu’un roman : un événement !
Mon avis :
Nellie, 37 ans, a divorcé depuis peu de Richard, un bel homme aux excellents revenus de 9 ans son ainé. Après 10 ans de mariage, un emploi d’institutrice abandonné au profit d’une vie de femme au foyer à tenter d’avoir un enfant, de nombreuse bouteille d’alcool ingurgitées, et une vie de couple mouvementée, Nellie est une femme à la dérive. Elle vit désormais chez sa tante, la seule personne au monde qui lui reste (qu’elle a d’ailleurs toujours considérée comme une mère), travaille (enfin, quand elle s’en sent le courage) comme vendeuse dans un magasin de prêt à porter chic, continue de boire et traque la nouvelle fiancée de son ex-époux….
Une femme entre nous est un thriller psychologique qui rappelle un peu La fille du train dans la description de sa protagoniste, divorcée, instable et portée sur la bouteille et dans les soupçons délivrés petit à petit mettant en cause la sincérité de son ex-mari. Toutefois, le scénario n’a absolument rien d’un copié collé et c’est également loin d’être une simple histoire de rivalité féminine comme pourrait le faire figurer ce début de résumé. Non, Une femme entre nous possède, heureusement, sa propre originalité et surtout une intrigue totalement imprévisible.
A coup de petites phrases distillées, les auteures amorcent des révélations qu’on a hâte de comprendre (et qui évidement tardent vicieusement à venir). Avec une double narration, l’une à la troisième personne racontant de façon épisodique mais linéaire la vie transformée de Nellie à la rencontre avec son prince charmant puis sa vie de couple, et l’autre à la première personne exposant (de manière totalement subjective) la vie actuelle d’une Nellie désœuvrée, tiraillée entre le besoin d’avancer (vers où et vers quoi ?) et les nombreux souvenirs de son passé qui l’assaillent sans cesse.
Dis, comme ça, ça risque de vous sembler brouillon, mais pas du tout. Le talent des auteures réside aussi bien dans le suspens qu’elles sont instauré dans leur scénario que dans la construction parfaitement fluide et efficace tant sur le plan des révélations que sur celui de la compréhension.
Evidemment, le prince charmant n’existe pas mais Nellie est-elle vraiment fiable ? Et puis au final, qu’elle est cette femme entre nous ? Vanessa, la secrétaire de Richard, qui a pris la place de Nellie ? Nellie, qui vient semer la zizanie dans la nouvelle idylle que vit son ex ? Ah… impossible d’en dévoiler davantage mais pour le coup, les auteures ont fait un excellent travail car jusqu’au bout du bout l’histoire se construit et les personnalités se dévoilent.
Une femme entre nous est un thriller (à la limite du drame) qui parle de manipulations psychologiques, avec ce qu’il faut de tension, un bon scénario bien ficelé qui gagne en intensité à mesure que les éléments s’assemblent et surtout un personnage principal pour lequel on hésite longtemps entre le pathétisme et l’attachement. C’est avec un fort sentiment de doute, un certaine forme d’antipathie parfois même tant son comportement après son échec sentimental semble excessif, voir même maladie. Toutefois, on suit avec beaucoup d’addiction son histoire personnelle et on essaye de comprendre pourquoi tirer un trait sur son passé lui semble inconcevable et comment cette vie de rêve a pu basculer....
J’ai aimé ce jeu dans la narration qui parle sans dévoiler, qui évoque avec subtilité sans vous donner de véritables certitudes, qui joue sur la paranoïa et qui finit par révéler plus de machiavélisme encore mais avec cette petite touche nuancée qui conclue particulièrement bien le livre. Un joli travail de psychologie.
Ce n’est pas tant la surprise du dénouement qui m’a convaincue (car, lecteur avisé, on sent venir les grandes lignes, à force de non-dits et de sous-entendus) mais l’ensemble, avec ces deux trois coups de théâtre très surprenants, la construction déstructurée qui donne, je trouve, du rythme à la lecture tout en imposant une ambiance trouble à de nombreux points de vue…
#UneFemmeEntreNous #NetGalleyFrance