Critique de Cent mètres papillon, de Maxime Taffanel, vu le 16 juillet 2018 à La Manufacture
Avec Maxime Taffanel dans une mise en scène de Nelly Pulicani
Décidément, moi qui n’avais jamais mis le pied à La Manufacture, voilà que j’y retourne pour la troisième fois de la journée ! C’est cette fois-ci à un Tweet de Yann que je dois mon intérêt pour ce spectacle, à nouveau renforcé par l’article encourageant de Théâtre(s) à son sujet. On ne lit rien sur le spectacle, on se laisse porter par les conseils qui fusent – je retrouve le spectacle dans la sélection de plusieurs blogueurs – et on réserve les yeux fermés. Suspens.
L’épreuve du cent mètres papillon, l’affiche, tout indique que c’est pour une histoire de sport que nous sommes là. Mais pas qu’une histoire de sport. Une passion, le genre qui vous ronge par les deux bouts pour arriver à vos fins. Larry est nageur de haut niveau et voudrait être un champion. On le suit aux entraînements, avec son coach, mais également face à lui-même, en compétition, et dans l’eau, toujours dans l’eau, son élément.
Il entre. Beau mec. Le genre taillé en V. Ses pectoraux se devinent sous son sweat Adidas. Il les dévoilera plus tard dans le spectacle. Cela fait aussi partie du jeu. On parle de sport, le corps devient donc un acteur essentiel. On connaît la pleine conscience du corps d’un sportif. C’est pourquoi ce Cent mètres papillon a beaucoup en commun avec du théâtre visuel. Souvent, un ou deux projecteurs éclairent l’athlète. Ses mouvements sont précis, sa concentration se lit sur son visage. Les effets sonores sont en parfaite harmonie avec les images qu’il propose. C’est beau.
Je n’aime pas la natation. Je n’ai jamais aimé ça. Mais j’aime le sport. Et je pense que c’est bien plus de sport dont il est question ici que de natation. Il ne faut pas attendre d’universalisme : l’histoire de Larry n’est pas une métaphore de la vie. Mais pour qui aime le sport je pense qu’il pourra s’y reconnaître. Et prendre plaisir à retrouver une détermination bien connue dans le regard de l’acteur-nageur. Seul bémol : les passages plus fictionnels où le comédien transcrit, par exemple, les dialogues avec son coach. Cela brise quelque chose de l’énergie accumulée jusqu’ici. Peut-être parce qu’on voudrait rester dans la tête du sportif. Et oublier le reste.
A la sortie, le sentiment unique d’avoir puisé toute l’énergie du comédien. Et d’être prêt, à notre tour, à faire un cent mètres papillon.