Changement et rénovation sont les deux mamelles des discours actuels de tous les courants (et ça fait un paquet) du PS. Pour prouver leur bonne foi, les socialistes ont fini par se mettre d'accord (pour une fois) sur le nom de leur président de groupe à l'Assemblée nationale en choisissant Jean-Marc Ayrault. Qui mieux en effet que le député-maire de Nantes symbolise la rupture prônée depuis quelques semaines par l'ensemble du PS, lui qui est président du groupe socialiste au Palais-Bourbon depuis… 1997 ???
Mieux, il représente également le respect de la parole donnée, lui qui affirmait il n'y a pas si longtemps ne surtout pas vouloir postuler à un troisième mandat à ce poste. Finalement, au nom de la rénovation, il est parti pour rester 15 ans à présidence du groupe. Un boulot passionnant et intellectuellement enrichissant qui consiste à dire noir quand le gouvernement dit blanc et blanc lorsqu'il dit noir, tout en appelant chaque semaine à la création d'une commission d'enquête sur n'importe quel sujet. Mais pour cette législature, Jean-Marc Ayrault aura affaire à une forte concurrence pour remporter une nouvelle fois le prix du roquet de l'Assemblée : l'UMP a décidé de lui opposer un adversaire à sa mesure en la personne de Jean-François Copé !!!
Arrivé en tête au premier tour de scrutin avec 78 voix devant le fabusien Philippe Martin 38 voix, Jean Glavany 33 voix et Arnaud Montebourg 30 voix, Jean-Marc Ayrault a triomphé sans péril lors d'un second tour où il était seul lice. Cela ne l'a pas empêché de savourer ce nouveau triomphe : "on disait que les socialistes étaient divisés. En tout cas à l'Assemblée nationale ils ne le sont pas. Il y a une diversité mais qui a su se rassembler". Et sur quoi a-t-elle réussi à se rassembler cette belle diversité ??? Mais sur la rénovation qu'il incarne pardi : "j'ai dit clairement que j'étais le candidat de la rénovation de nos méthodes et c'est nécessaire pour ne pas décevoir les Français dans le mandat qui nous a été confié par les électeurs". Avec un avenir radieux en terme de renouveau pour le PS, l'UMP n'a pas à s'inquiéter, c'est pas demain la veille que la gauche sera en mesure de redevenir créative… D'autant plus que les socialistes ne sont pas loin de donner dans l'autosatisfaction après ce superbe exemple de modernité et vitalité de démocratie interne : François Hollande, premier secrétaire du PS, ose se féliciter d'une élection acquise "avec une majorité très large", avant d'ajouter : "c'est bien qu'il en soit ainsi au moment où on s'interroge pour savoir si les socialistes sauront trouver le chemin de l'unité. Ils l'ont montré encore une fois ici avec leurs députés".
Seule nouveauté, le nouveau président du groupe socialiste a annoncé la nomination de 15 vice-présidents du groupe et d'un porte-parole qui constitueront qui formeront une sorte de "cabinet fantôme". 15 vice-présidents pour un groupe de 200 députés, ça fait une belle moyenne. Mais au moins cela permet de n'oublier aucun courant lors de la répartition des breloques…