J'ai lu : l'ombre de l'ankou

Par Venezia
L'Ombre de l'AnkouJean VigneEditions du Chat NoirCollection Chatons HantésFantastique Jeunesse
Lotie, petite Parisienne de 11 ans, déménage pour la Bretagne. Une terre de légendes, lui disait-on. En guise de légende, la voilà dans un vieux manoir perché tout au bout du monde. Une bâtisse poussiéreuse, perdue sur une lande désertique. Pas de quoi enchanter la jeune fille. Elle va s’ennuyer ferme ici, sans ses amies, c’est certain. S’ennuyer ? C’est sans compter sur l’arrivée d’une étrange créature. Une silhouette encapuchonnée, armée de son immense faux, dressée sur ce bateau illuminé par cette seule lanterne. Qui est ce redoutable inconnu ? Pourquoi revient-il chaque nuit sur cette plage de galets ?


MON AVIS
(Sans spoiler)

Cette superbe couverture m'a vendu du rêve, mais il n'était pas tout à fait au rendez-vous lors de ma lecture...

Dans les légendes bretonnes, l'Ankou est un passeur d'âmes, le valet de la mort, je le savais et me doutais de quelque chose de morbide dans le récit, tout en m'attendant à une bonne portion de fantastique, mais cette dose-là était bien trop timide. Cependant, le lecteur est loin de s'imaginer la fin du roman car elle est étonnante, et le fil de l'histoire déconcerte également car on pense à une chose et l'on va vers une autre. J'ai aimé me faire surprendre.

Nous suivons donc Lotie, une adolescente de onze ans, sa mère, en voie de guérison d'un cancer, a voulu venir habiter le manoir de son enfance, et c'est là que commence cette histoire... 

Hélas, le caractère de l'héroïne fait barrage, elle est agaçante car déteste quasiment tout, surtout l'humour de son père, le vent, les vagues, les personnes âgées, la queue du chat de la voisine, les courgettes... Honnêtement, on n'est pas si pénible et si compliqué, à onze ans. (J'ai un peu de mal avec les héroïnes pénibles, d'autant plus que j'adore les courgettes !).

Si l'histoire ne m'a pas déplu, le lecteur est dans la tête de Lotie, quel brouillon ! Le fil des pensées de la jeune fille s'égare dans des hors sujets presque tout au long du roman, l'action est certes peu présente, mais par moments, j'ai cru à une sorte de remplissage de la part de l'auteur, car le roman ne dure que 127 pages et le récit se disperse sans cesse.
La manière employée par l'auteur pour parler du Christ m'a heurtée, c'est irrévérencieux, irrespectueux de la religion, l'héroïne a onze ans, pas cinq ans. Les réflexions de Lotie sont très puériles, on ne peut pas ignorer à ce point le nom de Jésus-Christ jusqu'à l'appeler Jésus-Crie ou Crise. A onze ans, on le sait, même si l'on n'est pas chrétien, c'est comme Napoléon Bonaparte ou Louis XIV, c'est aussi un personnage historique, on ne se trompe pas, il est suffisamment connu.

(D'autre part, les renvois en bas de page destinés au jeune lecteur afin d'expliquer ce qu'est une crique ou ce que signifie l'adjectif vénérable, des mots très simples, parmi d'autres mots de la même complexité, sont une précision inutile. C'est peut-être sous-estimer ce même jeune lecteur, et dans le cas où il ignorerait ce qu'est une crique, il ne faut pas le décourager à prendre un dictionnaire pour en chercher la définition, cela sert à cela aussi la littérature, découvrir et enrichir son vocabulaire.)

En résumé, ce court roman part d'une belle idée, mais la narration est laborieuse, pourtant la plume n'est pas désagréable.