Critique du Petit Déjeuner, de Charlie Windelschmidt, vu le 16 juillet 2018 à La Manufacture
Avec Véronique Héliès et Anaïs Cloarec, dans une mise en scène de Charlie Windelschmidt
Je dois vous avouer quelque chose : je ne suis encore jamais allée à La Manufacture. Bien consciente cependant que c’est un lieu important du OFF, j’ai décidé d’y faire plusieurs visites cette année pour rattraper le temps perdu. Ma première rencontre avec ce lieu se fera sous le signe de la nourriture, ce qui est plutôt de bon augure. C’est grâce au Théâtre Côté Coeur et à Theatrelle que je me lève si tôt aujourd’hui pour aller les retrouver autour du Petit Déjeuner proposé par Véronique Héliès et Anaïs Cloarec. Curieuse.
Difficile de résumer pareille intrigue. Peut-on même parler d’intrigue ? Les spectateurs arrivent dans la charmante cour du Musée Angladon où la table est dressée et les viennoiseries, jus d’orange et autres boissons chaudes les attendent. Pendant qu’elles nous servent, les deux comédiennes parlent entre elles : elles discutent du terme breakfast, de leur rêve de la nuit dernière, de l’horoscope du jour…
Des discussions matinales en somme, des discussions sans fond, sans intérêt, simplement pour parler. Seulement voilà : je suis une adepte du « si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi ». Je suis du matin, prête à discuter de sujets profonds en avalant ma tartine, alors j’ai du mal à percevoir l’intérêt des déblatérations de nos deux comédiennes… qui, par ailleurs – étaient-elles mal réveillées ? – ne jouaient pas toujours très bien.
J’étais pourtant très emballée par le dispositif. Déjà à l’entrée, la distribution d’autocollants « Mais penser ne tue pas » me promettait des discussions stimulantes. L’idée de les accompagner d’un pain au chocolat n’était pas pour me déplaire, et enfin j’étais en bonne compagnie. Mais la marmelade n’a pas pris et j’ai vite été déconfit(ur)e devant les échanges de nos deux personnages. Où va-t-on ? Quel intérêt à nous rassembler ici ? Y a-t-il seulement un sujet qui soit réellement traité en profondeur ? Je ne crois pas. Et puis lorsqu’une des comédiennes se met à chanter, mes oreilles saignent à la liaison « Je me suis promener au bois ». Voilà qui me met en rogne. Dès le matin.
Restée sur ma faim. C’est le cas de le dire.