Critique de Et si on ne se mentait plus, de Mathieu Rannou et Emmanuel Gaury, vu le 16 juillet 2018 à l’Espace Roseau
Avec Maxence Gaillard, Emmanuel Gaury, Guillaume d’Harcourt, Nicolas Poli, Mathieu Rannou, dans une mise en scène de Raphaëlle Cambray
C’est le nom de Raphaëlle Cambray qui m’a d’abord attirée vers ce spectacle. L’actrice, que j’avais découverte dans le Nüremberg d’Arnaud Denis – décidément, tout se recoupe – enfile ici sa casquette de metteuse en scène. Lorsque je me penche un peu plus sur la description de la pièce, je suis totalement convaincue : les noms de Alphonse Allais, Lucien Guitry ou encore Jules Renard suffisent à faire monter en moi l’excitation liée à la découverte de leurs bons mots. Les premiers retours, excellents, semblent confirmer que mon flair est opérationnel.
Paris, année 1901. Cinq personnes se retrouvent régulièrement pour déjeuner : Alphonse Allais, Lucien Guitry, Jules Renard, Tristan Bernard, et Alfred Capus, s’ils font vivre l’actualité littéraire de l’époque, sont aussi un groupe d’amis. C’est au sein de ce groupe qu’évolue la pièce, faisant ressortir les coups bas, les mensonges, les rivalités qui peuvent lier ces amis qui, malgré tout, resteront unis jusqu’à la fin.
Alors oui. Bon. Mettons que mon flair est semi-opérationnel. Semi parce que, dans le genre, il faut reconnaître que c’est une réussite. Les comédiens parviennent à faire réellement croire à l’amitié qui lie ces personnages et forment sur scène un groupe très complice. Le rythme est très bien tenu, et chaque acteur a trouvé son personnage, mettant en avant un détail, une manière de parler, de se tenir, de regarder qui lui rend sa spécificité ; j’ai particulièrement apprécié le côté décalé d’Alphonse Allais, très bien rendu sans trop d’effet.
Cependant, je n’ai pas été vraiment prise dans cette histoire. Je venais surtout découvrir ces figures de la littérature françaises, donc je ne trouve que peu d’intérêt dans une telle fiction. J’aurais aimé les rencontrer à travers leurs écrits, leurs bons mots, leurs habitudes. Cette vision-là, Alphonse Allais nous en propose une esquisse en analysant la psychologie de chacun de ses amis à travers ce qu’il boit et la manière dont il tient son verre. Quelques minutes délicieuses.
Un spectacle réussi dans son genre… mais pas mon genre !