Ce serait mon genre.
Un autre peut devenir un pigeon
Ou égratigner avec une dent de tigre.
Je suis heureux d’être une pierre.
Du dehors, la pierre est une énigme :
Personne ne sait comment répondre.
Pourtant à l’intérieur, ça doit être frais, calme
Même en plein sous le sabot d’une vache énorme,
Même si un enfant la lance dans une rivière ;
La pierre coule, lente, imperturbable
Tout au fond
Où les poissons viennent cogner dessus
Et écoutent.
J’ai vu des étincelles s’échapper
Lorsque deux pierres se frottent. Après tout,
L’intérieur n’est peut-être pas si sombre ;
Il y a peut-être un vague éclat de lune
On ne sait d’où – derrière une colline –
À peine assez brillant pour faire apparaître
Les écritures étranges, les diagrammes d’étoiles
Sur les parois.
*
Stone
Go inside a stone
That would be my way.
Let somebody else become a dove
Or gnash with a tiger’s tooth.
I am happy to be a stone.
From the outside the stone is a riddle:
No one knows how to answer it.
Yet within, it must be cool and quiet
Even though a cow steps on it full weight,
Even though a child throws it in a river;
The stone sinks, slow, unperturbed
To the river bottom
Where the fishes come to knock on it
And listen.
I have seen sparks fly out
When two stones are rubbed,
So perhaps it is not dark inside after all;
Perhaps there is a moon shining
From somewhere, as though behind a hill—
Just enough light to make out
The strange writings, the star charts
On the inner walls.
***
Charles Simic (Belgrade, 1938) – What the Grass Says (1967) – New and Selected Poems: 1962-2012