Deux espaces protégés légalement en République démocratique du Congo, pourraient voir arriver des pétroliers d’ici quelques mois. L’ONG Global Witness a révélé en effet qu’une commission interministérielle était chargée par le gouvernement congolais d'étudier le déclassement partiel de deux réserves naturelles qui recèlent, selon les experts 6 758 milliards de barils avec des recettes budgétaires additionnelles de 7 milliards de dollars.
Une biodiversité unique menacée
Ces deux parcs, le Virunga - dont 172 075 hectares, soit 21,5% de sa surface totale - et le Solonga, pour lesquels les chiffres ne sont pas encore disponibles, abritent pourtant une faune et une flore exceptionnelle.Le Parc national des Virunga
Créé en 1925, il est situé dans l'Est du Congo et couvre en partie les montagnes des Virunga, près du Rwanda et de l'Ouganda. Il est consacré patrimoine mondial pour son exceptionnelle biodiversité depuis 1979.Selon l’ONG Global Witness, le parc des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, notamment les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde. Autres primates menacés : le cercopithèque de l'Hoest, le singe argenté, le singe doré, le colobe bai, le galago à grosse queue, le babouin anubis. Autres carnivores : la civette africaine, la hyène, la mangouste des marais, le lion, le léopard, le serval, la genette, le lycaon, le chat doré africain, le chacal à flancs rayés, etc.Le Parc national de la Salonga
Établi sur les provinces du Bandundu, de l'Équateur et du Kasaï-Occidental, il est inscrit depuis 1984 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Avec environ 36 000 km2 de superficie, il est le plus vaste parc du pays et le deuxième mondial après le parc canadien de Wood Buffalo. Il est accessible par voie d'eau uniquement. Plusieurs espèces endémiques menacées le peuplent, dont le paon du Congo, le chimpanzé nain ou " bonobo " (près de 40 % de la population mondiale de bonobos), l'éléphant des forêts et le gavial africain, aussi connu sous le nom de « faux crocodile ».Pressions sur le marché du pétrole brut
Comme aux Etats-Unis, pour l’Arctic National Wildlife refuge, c’est la même promesse de l’or noir qui a guidé le choix de la République démocratiques du Congo. La convoitise pour l’or noir s’explique par la raréfaction globale de la ressource qui se matérialise par des tensions nationales ou internationales dans certains pays producteurs, notamment au Venezuela et en Iran. Entre 2017 et 2018, les cours du brut ont augmenté de 45 %, passant de 45 à 80 dollars, faisant même planer les craintes d’une nouvelle crise économique globale, comme en témoigne une note de la banque Natixis. Rappelons que la consommation mondiale de pétrole représente 97,4 millions de barils de brut par jour.Dans ce contexte, et alors que le pétrole est toujours le principal moteur de l’économie mondiale, il n’est pas étonnant de voir certains pays redoubler d’efforts pour assurer leur approvisionnement, oubliant la menace climatique au profit d’intérêts économiques de très court terme. En dépit des multiples alertes des scientifiques et bien que les énergies renouvelables se développent, les émissions de gaz à effet de serre continuent de progresser. Le dernier rapport de l’agence internationale de l’énergie est d’ailleurs bien sombre. D’ici 2040, les émissions de gaz à effet de serre devraient augmenter de 5 % et la demande en énergie devrait faire un bond en avant de 30 % sur la même période. Des perspectives particulièrement inquiétantes pour l’environnement car même les zones protégés, théoriquement préservées des exploitations industrielles, sont en danger face à l’avidité des pétroliers et au manque de courage des dirigeants politiques des pays concernés… Photo Créative Commons Lire toutes les infos du blog :> Les 25 derniers articles
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