Le parc entre dignement dans sa cinquantième année. Les lieux ont bien changé depuis quelques mois, mais sans perdre du tout la philosophie du projet originel, né en 1968 quand Monsieur de la Panouse a imaginé "sa" révolution, en décidant de présenter les animaux en inversant le processus, les laissant en semi-liberté et enfermant en quelque sorte les visiteurs (dans leur véhicule).
J'avais déjà suivi plusieurs fois le parcours Safari avec mon propre véhicule mais cette fois c'est en camion brousse que j'ai pu pleinement profiter de la visite.
Un autre article sera consacré à un moment privilégié auprès des lémuriens, en compagnie de leur soigneur. Un troisième retracera une visite plus classique et un dernier présentera d'autres nouveautés et perspectives de développement du parc.
On entend parfaitement la voix de notre chauffeur-guide, Philippe, qui va nous donner des renseignements rigoureux sur chaque espèce rencontrée, à commencer par les antilopes presque cachées dans le sous-bois.
Il est leur soigneur et les connait donc parfaitement. Il nous apprend qu'il en existe une quinzaine d'espèces. Les premières que nous croisons sont des oryx algazelle, qui vivent d'habitude en groupe mixte de 40 individus menés par un mâle dominant (il y a ici un mâle pour deux femelles et ils sont régulièrement changés pour éviter les consanguinités). Ce sont les plus grosses antilopes au monde.L'oryx algazelle
peut rester plusieurs semaines sans boire, et il est capable d’augmenter sa température corporelle pour limiter les pertes via la transpiration.On croise quelques voitures mais on se sent tout de même privilégié parce qu'on bénéficie de commentaires passionnants et d'une grande liberté de mouvement pour pouvoir photographier.
Il nous présente, de droite à gauche, Jessie, 40 ans, puis Bruno un mâle de 5 ans et à l’extrême gauche un mâle de 3 ans, Unesco. Dans la nature mâle et femelle ne vivent pas ensemble.
Ils sont bêtement menacés parce qu’on croit que leur corne a des vertus alors qu’elle n’est que de la kératine, comme un simple poil. Leur peau est très sensible au soleil. Dès qu’il devient brûlant ils se roulent dans la boue pour se protéger.On remarque leurs oreilles en forme de cornet, qui bougent sans cesse pour capter les sons, car ils ont une très mauvaise vue, ce qui explique leurs mouvements parfois brusques s’ils sont surpris.
Il semble balourd mais il peut charger sur la terre ferme tout de même à 35 km/heure. C’est un animal très agressif et fort dangereux. On aperçoit une grande mare de boue au loin où il passe l’hiver.
Thoiry compte trois girafes mâles. Elles jouent un rôle d’alerte dans la savane grâce à leur cou qui leur permet de scruter l'horizon. Quand elles s'arrêtent pour boire elles doivent faire vite parce que lorsqu’elles ont la tête en bas elles sont en grand danger d’être attaquées par des prédateurs, qui sont d’ailleurs à l’affut. Ils peuvent la craindre car son sabot, formé de corne dure, peut fracasser le crâne d’un lion ou lui briser la colonne vertébrale.
Et comme on le sait, avoir un coeur situé deux mètres en dessous du cerveau peut poser problème quand l'animal est obligé de se pencher. Son système cardiaque est donc adapté.
Elles adorent les acacias, dont elles dévorent les feuilles avec une langue très longue
(plus de 50 cm) et bleutée. Elle est également très utile pour se nettoyer les yeux, les narines et les oreilles !Les soigneurs leur coupent des branchages parce qu’elles ont tout taillé. On complète avec de la luzerne. Et Philippe nous fait remarquer que l
es zèbres, qui sont totalement libres et adorent la luzerne, se régalent de ce qui tombe des paniers.Lorsqu’elle est sur le point de mettre bas, la girafe reste debout, et le girafon tombe la tête la première d’une hauteur de 2 m environ. Avec son corps élastique, il ne souffre pas de cette chute, c’est même grâce à elle qu’il prend sa première respiration. Il est capable de se tenir debout et de marcher une heure après sa naissance.
Nous croisons trois nouvelles espèces d’antilope, et on remarque un
gnou à queue blanche qui se frotte le long d'un arbre pour accélérer sa mue.On peut bien entendu glaner des informations sur le site du Parc mais c'est nettement plus agréable de les apprendre de notre guide. Je n'avais jamais remarqué que le dromadaire était pourvu de sabots larges pour ne pas s’enfoncer dans le sable. Ni qu'il était équipé d'une paupière spéciale bordée d'une double rangée de cils qui ferme bien son œil et qu'il pouvait en quelque sorte se pincer les narines pour empêcher le sable d’entrer. Je savais par contre que sa bosse contient de la graisse pour combler ses besoins énergétiques dans le désert.
Nous croisons encore des antilopes, cette fois une trentaine de
Cobe de Lechwe, un animal qui est assez lent sur la terre ferme mais exceptionnellement rapide et puissant dans l’eau. Leur arrière-train sur-élevé par rapport aux épaules leur permet de bondir très vite dans l’eau et elles nagent très bien. Et par chance leurs sabots sont allongés pour permettre une meilleure stabilité dans la boue. De ce fait ils ont l'habitude de vivre près des points d'eau, pour se protéger de leurs prédateurs. On sent le musc dégagé par ces animaux.Nous nous inquiétons de la taille des défenses. Elles sont courtes parce que dès que Ben s'ennuie il les use le long du mur et il doit tourner toujours dans le même sens puisqu'elles sont biseautées.
Plus haut sur la butte on devine quatre phacochères.On distingue les femelles des mâles par la couleur de leurs plumes, grises pour elles, noires pour eux. Il faut attendre un an pour que s'affirme la maturité sexuelle. Jusque là les autruches ne seront ni grises, ni noires ... Elles appartiennent au groupe des ratites (nadou, émeu, casoar) qui ont comme particularité de courir vite mais de ne pas voler. Leurs parades de séduction sont parait-il impressionnantes. Elles pondent dans chaque nid, vaste creuset dans le sol, une quinzaine d'oeufs de 1 à 1, 5 kilos dont on peut apercevoir des exemplaires abandonnés (après une inondation), laissés là juste pour montrer de quoi il s'agit. Le soigneur déplore des vols stupides, évidemment.
Notre regard fait des aller retour entre la gauche et la droite pour surprendre, ici un troupeau de zèbres, là d'énormes taureaux aux magnifiques cornes pouvant atteindre les 2,5 mètres d'envergure. Elles ont beau être creuses elles pèsent très lourd et un des mâles a eu des problèmes de cervicales. Ce sont des boeufs Watussi remarquables par leur robe rouge à acajou pouvant être parfois noire, avec des taches plus ou moins importantes.
Ce sont ensuite les mâles qui mangent en premier, d'où l'expression "se tailler la part du lion" , c’est-à-dire se réserver les meilleurs morceaux. Les femelles ont ensuite accès à la carcasse, puis en dernier viennent les jeunes.
Les mâles mangent les meilleurs morceaux parce qu’ils sont chargés de la défense du groupe. Ils se doivent donc d’être les plus vifs afin de protéger le mieux possible le clan. En second viennent les femelles car elles sont chargées de donner naissance aux générations suivantes. En cas de famine, il vaut mieux que ce soient les jeunes qui n’aient pas accès à la nourriture car leur perte a moins de conséquences sur le groupe.
La crinière du mâle est d'autant plus foncée qu'il est âgé. Les quatre animaux sont rentrés le soir et dorment séparément pour que chacun
ait sa quantité de nourriture, environ 4 à 5 kilos de viande.Ils sont certes en captivité mais on ne se sent pas coupable de leur
enfermement parce qu'on ne les sent pas stressés à faire les cent pas le long d'une grille.Il nous reste à remercier notre guide pour sa gentillesse et la qualité de ses commentaires.Je recommande vraiment cette expérience, pour laquelle le supplément de 8 euros par personne est amplement justifié. A savoir : le prix de l'entrée varie en fonction de la période. Renseignez-vous sur le site.
Je rappelle les règles du safari :
en voiture ou en camion brousseDurée de l’aventure : environ 1 h00 à 1 h30
Ouvert tous les jours
Pour votre sécurité : gardez vos fenêtres fermées et restez dans votre véhicule
Les animaux domestiques ne sont pas acceptés sur le domaine
Ne nourrissez pas les animaux, les rangers s'occupent bien d'eux !
Prochain épisode : un moment privilégié en compagnie des lémuriens.Parc de Thoiry, Rue du Pavillon de Montreuil, 78770 Thoiry · 01 34 87 40 67