En effet, dans les deux cas, il ne sera possible avec la nouvelle interface que de consulter le solde et les dernières opérations des comptes et soit réaliser des virements internes, du côté de la BRED, soit initier un virement vers un bénéficiaire déjà enregistré (qu'il faudra ensuite valider depuis l'application mobile), chez Boursorama. Apparemment, outre le choix délibéré de démarrer sur un périmètre réduit afin de valider l'intérêt des consommateurs, les craintes pour la sécurité semblent justifier ces limitations.
Trois ans après les débuts d'Alexa (par Amazon) aux États-Unis et deux ans et demi après ses premières applications bancaires (avec des fonctions similaires), il est difficile d'être enthousiasmé. On aurait pourtant pu espérer que le délai d'arrivée de ces appareils sur le marché français (Google ayant pris les devants, depuis presque un an) ait permis aux pionniers de l'hexagone de réfléchir à des services sortant de l'ordinaire, ne se résumant pas aux opérations les plus fréquentes sur d'autres canaux.
Appréhender les enjeux technologiques des assistants vocaux en mettant en œuvre un accès à quelques informations basiques est légitime, bien sûr. En revanche, quand il est question de mettre une solution entre les mains des clients, dans le but d'évaluer leurs réactions, il serait plus pertinent de prendre en compte les retours d'expérience des acteurs ayant franchi cette étape depuis longtemps et de se projeter au-delà, en explorant, notamment, les usages originaux susceptibles de séduire les utilisateurs.
Certes, il faut bien reconnaître que, même hors de nos frontières et en particulier dans les banques qui ont des mois d'entraînement et d'observation derrière elles, l'imagination reste peu féconde… Alors, à quoi pourraient servir ces assistants vocaux ? Peut-être pourraient-ils constituer un point d'entrée astucieux vers l'univers du conseil automatisé en gestion de finances personnelles ? Dispenser quelques recommandations pratiques, par exemple au moment où ils interrogent le solde de leur compte principal ?
Cette idée offrirait un moyen de vérifier si la relation intime que les individus paraissent développer avec des chatbots peut se décliner dans une interaction vocale avec un assistant virtuel. Le contexte se prête parfaitement à un test de ce genre : la vague initiale des ventes de Google Home ou d'Alexa touche probablement en majorité une population de technophiles, potentiellement intéressés à essayer un service innovant, d'autant plus qu'il ne met pas en jeu la sécurité de leurs comptes et de leur argent.
En tout état de cause, et comme lors de chaque apparition d'un nouveau média ouvert à la relation bancaire, il serait extrêmement réducteur de s'en tenir à une simple transposition sur les assistants vocaux de fonctions existantes. Le vrai progrès – et l'avantage concurrentiel qui l'accompagnera – sera d'identifier comment les consommateurs ont réellement envie de les utiliser dans la gestion de leur argent. Or il faudra exercer un minimum de créativité et multiplier les tâtonnements pour y parvenir…