Notre arrivée avant le givre
Et les feux chantant de l'hiver,
À l'auberge, où il fait bon vivre,
Augure le départ amer.
Il faut courir à la forêt
Se mesurer avec le vent,
Dire aux pluies, à leur volonté :
« Assez de ce jeu ruisselant ! »
Être épris du très seul adieu,
Celui que rompt la main brutale,
Qui engrange sans fin les lieues,
Celui qui luit sur ses joues sales.
Oiseau jamais intercepté,
Ton étoile m'est douce au cœur,
Ma route tire sur sa raie,
L'air s'en détourne, et l'homme y meurt.
Lorsque la guerre se taira,
— Blessure devenue berceau —
À Petersbach on reviendra
Révéler les désirs nouveaux.
Alsace, 1939.
René Char
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