En complément de la note de lecture d’Anne Malaprade à propos du livre de Dorothée Volut, Poèmes premiers, un extrait :
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Un jour,
il n'y aura plus le reflet doré de mon visage
sur la vitre du train.
Ni accomplissement, ni obscurité.
J'aurai quand même été là
à un certain degré.
Des rayons seront sortis de moi
rencontrant sur leur chemin de ronde
arbres, épaules, yeux qui ruissellent.
J'aurai rencontré des milliers de fois,
offrant mon visage sans jamais le voir.
J'aurai laissé l'odeur de mon sexe
se répandre à travers mes vêtements.
J'aurai dessiné des lignes invisibles dans l'espace,
échangé ma chaleur,
tenté de faire rentrer en moi
les formes que nous sommes.
Je serai née pour voir
et j'aurai aperçu —
et c'est vrai que c'est fulgurant,
la densité d'une pierre qu'on ne peut pas être,
les cheveux de l’eau qu’on ne peut pas toucher —
on ne peut pas dormir la nuit lorsque c’est pleine lune,
Un jour, il n’y aura plus cette intimité
entre le carnet et moi,
la porte restera ouverte et nous marcherons en arrière
recherchant des phrases vraies, que nous avions écrites —
il n’y avait pas de désaccord.
Note de lecture de ce livre par Anne Malaprade