Il est bien sûr beaucoup question de ce film dont les images illustrent le livre mais aussi d'hospitalité perdue, de monde figé face à une humanité nomade.
Il est question de ceux qui ont tout perdu et qui se heurtent encore à l'administration, à l'incompréhension, au rejet mais continuent de sourire, restent optimistes. Car ils ne sont pas morts. Mais :
"Tu ne peux te poser nulle part Tu ne peux aller ni vers l'avant ni vers l'arrière"
et
"Personne ici ne sait qui je suis"
Il est question de ces camps-ci, camps qui empêchent de passer, qui contraignent avec en regard d'autres camps, les camps de la mort. De repli sur soi. Et de ce que ces "spectres" nous disent. Ils nous questionnent, ils questionnent notre humanité, ils questionnent le rapport à la loi. Sa dureté. Nos peurs. Mais aussi notre force de survie.
"Tous ces mouvements de migration ont un nom générique : la culture. Non pas la culture des "émissions culturelles" ou des "ministères de la culture", mais la culture au sens anthropologique du terme, à savoir ce qui fait des humains ces êtres capables, non seulement de parler, de travailler et d'inventer des outils, voire des oeuvres d'art, mais encore de vivre en société, de se parler, de s'inventer, de s'imaginer les uns les autres. Lorsqu'une société se met à confondre son voisin avec l'ennemi, ou bien l'étranger avec le danger, lorsqu'elle invente des institutions pour mettre en oeuvre cette confusion paranoïaque, alors on peut dire, en toute logique historique - et non pas selon un simple point de vue éthique -, qu'elle est en train de perdre sa culture, sa propre capacité de civilisation"