Qualité d’air intérieur : l’Afsset propose quatre valeurs guides pour le benzène

Par Marc Chartier

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Pour faire face à l'enjeu sanitaire que représente la qualité de l'air intérieur et apporter aux pouvoirs publics des éclairages utiles à la gestion de ce risque, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) élabore des valeurs guides de qualité d’air intérieur (VGAI) en France. Ces valeurs guides ont pour principal objectif de proposer des concentrations de polluants dans l’air ambiant qui visent à protéger la population d’effets sanitaires liés à une exposition par inhalation. Le respect de ces valeurs pourra conduire à réduire, voire à éliminer les contaminants ayant un effet néfaste sur la santé humaine.

Provenant de multiples sources de l’air intérieur (fumées de tabac, processus de combustion, matériaux de construction et d’ameublement, produits de bricolage et d’entretien…) mais également d’apports d’air extérieur (trafic, chauffage, stations service, industries..), le benzène est susceptible d’entraîner des effets néfastes sur la santé humaine, quelle que soit la durée d’exposition. C'est un cancérogène avéré chez l’homme. Il est classé cancérogène de catégorie 1 par l’Union européenne (directive 67/548/CEE). Pour cette raison, l’Afsset propose des VGAI pour des expositions à court terme, intermédiaire et chronique prenant en compte les effets hématologiques du benzène (toxicité sur les lymphocytes lors d’expositions à court terme ou intermédiaires - allant jusqu’à une année -, diminution du nombre de cellules sanguines et leucémie dans les cas d’exposition chronique [long terme])

VGAI long terme :

- pour les effets hématologiques non cancérogènes : 10 µg.m-3 pour une durée d’exposition supérieure à un an.

- pour les effets hématologiques cancérogènes : 2 µg.m-3 pour une durée d’exposition « vie entière », correspondant à un excès de risque de 10-5 (dans ce cas, l’excès de risque correspond à la probabilité qu’une personne contracte le cancer si elle est exposée pendant toute sa vie. L’excès de risque de 10-5 se traduit par une personne sur cent mille personnes).

VGAI intermédiaire : 20 µg.m-3 en moyenne sur un an pour les effets hématologiques non cancérogènes prenant en compte des effets cumulatifs du benzène.

VGAI court terme : 30 µg.m-3 en moyenne sur 14 jours pour les effets hématologiques non cancérogènes prenant en compte des effets cumulatifs du benzène.

L’agence recommande que l’ensemble des valeurs concernant les effets hématologiques non cancérogènes soit fixé comme objectif afin de protéger la santé humaine. Des expositions aiguës ou intermédiaires peuvent survenir dans des situations particulières, par exemple lors de travaux de rénovation.

L’Afsset recommande par ailleurs :

- une sensibilisation et une information de la population générale à la problématique de la pollution de l’air intérieur afin de permettre une évolution des comportements notamment lors des travaux d’aménagement, de rénovation ou de ménage ;

- l’étude de l’impact économique et social du suivi du respect de ces valeurs ;

- la mise en place d’études permettant une meilleure connaissance des expositions individuelles ;

- l’étiquetage obligatoire des matériaux de construction et de décoration sur la base notamment des travaux de l’Agence publiés en octobre 2006 intitulé « Procédure de qualification des produits de construction sur la base de leurs émissions de COV et de critères sanitaires ».