Il y a quelques semaines seulement arrivait le véritable premier album de Leon Vynehall. Si j’avais connu l’artiste avec les publications d’abord de Music For The Uninvited puis de Rojus, il s’agissait alors de deux EPs, quand bien même leur durée respective les rapprochaient évidemment de celle d’un album classique (ou LP).
Il est alors vraisemblable – par-delà l’envie de discuter du sens des termes EP et LP – que Nothing Is Still se veut être un premier album dans la mesure où tout converge apparemment vers une unité formelle, presque conceptuelle : chaque morceau appartient à une globalité, d’autant plus clairement que chaque titre est compléter de son numéro de chapitre (de I à IX), avec deux pieds de page (« Birds on the tarmac », « Julia »).
Plus qu’un album conceptuel, Nothing Is Still est avant toute chose l’album d’une vie, celui des grands-parents de Leon Vynehall qui émigrèrent dans les années 60, quittant le sud-est du Royaume-Uni pour la ville de New-York – d’où la photographie de couverture du George Washington Bridge, créée par Pol Bury en 1967 pour sa collection Cinétisation.
Musicalement, l’album s’écoute tel un roman dont on tournerait les pages sans se rendre compte de notre progression, passant d’un chapitre au suivant presque imperceptiblement tant on est happé par cet univers pourtant sans cesse évoluant.
L’addition, d’entrée de jeu par exemple sur « From the sea/it looms », d’instruments tels un saxophone, une flûte, un piano, un violon, un alto, un violoncelle ou un ensemble de cuivres ajoutent à la beauté des dix chansons de Nothing Is Still.
Si une première écoute aura assurément quelque chose de touchant, d’émouvant même, Leon Vynehall réussit surtout à imposer définitivement son nom dans la cour des plus grands. Ses grands-parents peuvent être fiers de lui, et d’eux-mêmes. De notre côté, délectons-nous de cette splendide musique pleine d’humanité. Et puis, que ce soit électroniquement ou acoustiquement parlant, c’est aussi magnifique que sa renommée ne le laissait présager. Une nouvelle page s’écrit dans son histoire personnelle…
(in heepro.wordpress.com, le 11/07/2018)
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