Je ne regarde jamais la télé. Ou si rarement que je dis jamais. Et hier soir, ce mercredi 2 juillet 2008, je trébuche sur Ushuaïa Nature. Nicolas Hulot nage dans l'Amazone au milieu des Caïmans. Nicolas Hulot nous emmène découvrir les derniers premiers peuples.
Tout au long de ce reportage, je n'ai de cesse de me dire, en dépit des prises de vue magistrales de cette immensité, "Mon Dieu que ce pays ne m'attire pas, Mon Dieu que cette jungle me fait horreur, Mon Dieu que je suis bien dans mon canapé" …. Et c'est dans mon confort urbain qu'un entrefilet de la régie de TF1 transperce l'écran de part en part, il se déroule comme des cheveux attachés qu'on lâche, il illumine le soir comme le soleil se levant à l'horizon … L'armée colombienne annonce la libération d'Ingrid Bétancourt …… L'armée colombienne annonce la libération d'Ingrid Bétancourt …… Il est 21h28.
Fichue télé, arrêtez tout, dites-en plus, montrez-nous. Je saute de mon assise, et file sur internet. Et je réalise qu'on est en plein direct, que l'information est fraîche, que l'information est si récente qu'elle se conjugue encore au conditionnel. Qu'Ingrid Bétancourt, trois otages américains, et onze soldats colombiens sont encore dans les airs entre les terres pénitentiaires et le tarmac de la liberté.
J'ai 41 ans. Et pendant ces quarante et une années, la libération d'Ingrid Bétancourt est le cinquième événement qui me scotche devant ma télé : le drame du Heysel le 29 mai 1985, la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, le déclenchement de la guerre du Golfe le 17 janvier 1991, l'explosion des tours jumelles de New York le 11 septembre 2001 et la libération d'Ingrid Bétancourt le 2 juillet 2008. Si ces cinq événements ont le point commun de se dérouler en direct, contrairement à l'utilisation qui a pu être faite en son temps des images de la guerre du Vietnam, la libération d'Ingrid Bétancourt est une victoire de la liberté sur la détention, une victoire de la paix sur la guerre, une victoire de la politique locale sur les pressions internationales, une victoire de l'intelligence sur la force, une victoire de la civilisation sur la barbarie, une victoire de la mémoire sur l'oubli, une victoire du soutien de l'opinion contre la banalisation … une Victoire complète, tous azimuts, sans point d'ombre.
Et je suppose que c'est pour cela que nous sommes nombreux à être submergés d'émotions … Je m'explique.
Submergés d'émotions ...
A quoi ressemble un héros ? En vrai ?