Il faut aller jusqu’à BétonSalon, centre d’art innovateur maintenant bien installé dans le 13ème, pour y voir cette exposition sur les réseaux et les graphes. Sujet rébarbatif, me direz-vous : est-ce mon lointain passé de matheux qui m’attira là ? Non, sujet joyeux, foisonnant, stimulant : comment nous connectons-nous, à quoi appartenons-nous, qu’est-ce qui nous relie, comment organisons-nous nos pensées ?
On y voit les pages de dictionnaire de Gilles Barbier et surtout son Projet de conservation de ces pages, architecture du savoir, lien entre connaissance et image, avec les petites notules des pages roses du Larousse qui volettent au milieu de l’édifice.
Les Héliographies de Leon Ferrari sont des labyrinthes graphiques où les hommes se perdent et se retrouvent, couvrant tout un mur de graphes roses.
Eric Duyckaerts disserte doctement sur l’analogie (analogue : le discours montant, qui ouvre vers d’autres possibles; catalogue : le discours descendant qui enclot, définit et délimite le propos) et sur les entrelacs (et les noeuds borroméens, bien sûr).
C’est un parcours en zigzag, comme nos pensées latérales, que nous tentons toujours d’organiser, plus ou moins vainement, naviguant entre la rigueur de la structure et la jouissance des bifurcations incongrues.
Beaucoup d’évènements et de discussion autour de l’expo : c’est un des charmes de BétonSalon que cette effervescence d’idées et de discussions, parfois fascinantes, parfois moins, mais toujours stimulantes.
Photographies courtoisie BétonSalon / Isabelle Le Normand; Barbier courtoisie Galerie Vallois, Prévieux courtoisie Galerie Jousse, Closky courtoisie Galerie Laurent Godin.
Gilles Barbier étant représenté par l’ADAGP, la photo de son oeuvre sera retirée à la fin de l’exposition.