"Hey Pa! Tu vas écouter le match France-Argentine avec nous?"
"Bien sur! Go Ronaldo!"
"Portugal...Ronaldo papa, Portugal..."
J'ai écouté le match en lisant. Et en préparant à déjeuner à mes deux ados amateurs de soccer. En multipliant les distractions. Afin de ne pas rager en visionnant d'émotifs athlètes tenter de ridiculiser un arbitre. Et de presque toujours réussir. De voir des tricheurs s'en tirer tout le temps.
En lisant ma plaquette, parce que 126 pages, c'est très court, je tombe sur le nom d'un ami. Les références étaient trop claires, c'était bien lui. François Blais a écrit ses impressions sur la triste disparition de Mélanie Cabay. Il y a mis beaucoup de lui-même. Et un peu de lui-même le faisait côtoyer un ami à moi, deux ans avant que cet ami ne devienne aussi le mien. Peut-être étions nous tous les deux au même endroit au même moment, pour les 40 ans de cet ami commun qui avait eu l'idée de réunir les 40 personnes les plus importantes dans sa courte vie.
Je suis entré en contact avec cet ami. On s'était croisé il y a deux ans, en Ontario, par pur hasard, mais trop vite. On avait pas eu le temps de rien. Il était avec une jolie femme. J'étais avec ma famille et des amis. Différents rythmes. Il a maintenant un enfant lui aussi. 18 mois. Une beauté. Peut-être de cette même jolie femme aperçue il y a deux ans. Il est retourné vivre près de son patelin pour se faire une famille. On a échangé sur messenger. Ça a allumé ma journée.
Nous naissons tous fous. Certains d'entre nous le demeurent. Lui et moi en sont.
Ça m'a rappelé une anecdote qui m'a inspiré un texte (au titre peu explicable) en 2009. Le boss dont je parlais en était un de magasin de musique ou cet ami et moi nous étions connus comme employés sous sa gouverne. Le terme indulgent, mal utilisé avait provoqué un échange de regard mémorable entre lui et moi. Et comme il l'avait utilisé trop souvent, le mot indulgent, à tort, comme un nouveau jouet qu'il venait de découvrir, et que seul cet ami et moi semblions remarquer l'erreur. On se multipliait les regards en se retenant d'exploser de rire. C'était une époque, au milieu des désolantes (pour notre génération) années 90. Quand les chances de distractions étaient moins nombreuses.
Nous vivons de tant de distractions de nos jours, celle qui me gardait loin du match de soccer en cours valait le coup. Nos routes ne se croisent plus, mais nos esprits peuvent encore le faire par les si rapides réseaux sociaux. Nos enfants seront de fameux distraits. Pour eux, poser la même question 4 fois, à quelqu'un de concentré sur son téléphone n'est pas tellement anormal.
Son kid a 18 mois. Les miens, 15 (depuis peu) et 19 (dans 3 jours).
À cet ami je dis les mots irlandais qui me viennent à l'esprit dans ce monde distrait de l'essentiel:
À cet endroit, en ce moment, que ça nous plaise ou non. Profitons-en avant qu'il ne soit trop tard. Représentons dignement pour une fois l'engeance où le malheur nous as fourrés. Qu'en dis tu?
Mon vaisseau a atterri quelques mois avant le tien sur cette étrange planète. Mais on en tire les mêmes conclusions.
Notre passage ici est tellement trop court. Faut se faire vampire pour que l'immortalité nous gagne.
Il l'a compris avant moi.
Son nom est imprimé à quelques reprises dans un livre de François Blais de seulement 126 pages. Auteur qui n'invente pas. Mais raconte ce qu'il sent.
Blais est un écrivain des odeurs.
Et cette lecture m'a amené une effluence d'antan.