La solitude, comme le vide ou le silence, sont ambivalents :
affairés, nous désirons être seuls ;
mais une fois seuls, nous aspirons à l'agitation du monde.
Reste que la solitude nous mets face à l'alternative radicale :
réaliser que nous sommes seuls, que la compagnie et les relations ont toujours quelque chose de factice ; ou réaliser que nous sommes seuls, c'est-à-dire réaliser qu'il n'y a pas réellement d'autre être que l'Être.Un verset, sans doute composé par Abhinava Goupta, exprime cette ambivalence de la solitude, malédiction ou bénédiction :
"Je suis seul" : ainsi se lamente l'homme,
englouti par les violentes et terrifianteseaux du samsara.
"Je suis seul" se dit un autre,
"il n'y a rien d'autre que moi ;
je suis donc serein,
sans soucis !"
(Paramârthasâravivriti ad 58)