Alors que la prochaine des trois rencontres annuelles de Goodwood se tiendra la semaine prochaine, retour sur la première d’entre elles, le Goodwood 76 Members Meeting, une édition marquée par la naissance de la nouvelle écurie IWC Racing et par une invitée de marque: la neige!
Comme chaque année, le Members Meeting a lancé la saison des courses automobiles historiques, peu de rencontres se déroulant avant le mois de mars. Dame Nature a dû penser qu’il était un peu trop tôt pour ce faire à son goût en offrant à cette 76ème édition un climat pour le moins hivernal. Voilà longtemps que le Sussex n’avait subi pareille météo à cette période, puisqu’il a neigé samedi comme dimanche. Les participants ont dû affronter de grosses bourrasques de neige sur le circuit de Goodwood. Pas de quoi refroidir l’enthousiasme des Britanniques, cependant. Malgré un temps plus propice à la balade en traîneau qu’à faire chauffer les moteurs, le Members Meeting a fait le plein de passionnés, les courses se déroulant à guichets fermés.
La Mercedes 300 SL Gullwing de l’écurie IWC Racing pilotée par David Coulthard
Née en 1949 – une année après la création du circuit – la manifestation marque la rencontre des membres du GRRC, le Goodwood Road Racing Club. Interrompue de 1966 à 2014, elle fait maintenant partie intégrante des trois grands évènements automobiles se déroulant à Goodwood, les deux autres étant le Revival et le Festival of Speed. Alors que les deux premiers sont organisés sur le circuit, le Festival of Speed a lui lieu autour du château. Il faut dire que lors de sa création en 1993, le circuit n’était pas encore rouvert. Chose faite en 1998 lors de la première édition du Revival. Depuis, Goodwood est devenu la Mecque de tout petrolhead qui se respecte, plus de 800’000 visiteurs passant ses portes chaque année. Une réussite voulue par un seul homme: Charles Gordon-Lennox.
Les Gordon-Lennox, sang bleu et vapeurs d’huile
Charles Gordon-Lennox est donc l’instigateur des trois grandes manifestations se déroulant à Goodwood. Et pour cause: il y est chez lui. Connu sous le nom de Lord March lorsqu’il décida en 1993 de créer le Festival of Speed, il porte désormais le titre de Duc de Richmond, 11ème du nom, son père étant décédé à la fin de l’année dernière. Ce passionné de mécanique – toutes les mécaniques, avions, motos, voitures, montres – est aussi, ce que l’ont sait moins, féru de cinéma. A l’âge de 17 ans seulement, il avait travaillé pour le réalisateur Stanley Kubrick lors du tournage du film Barry Lyndon. Ce fût son grand-père Frederick Gordon-Lennox, 9ème Duc de Richmond, qui bâtit le circuit de Goodwood en 1948.
Le maître des lieux, Charles Gordon-Lennox, 11ème Duc de Richmond, en compagnie de son fils Charles Henry Gordon-Lennox, Lord March. Photo Jorge Guerreiro
Goodwood, un bijou de famille
Fief de la famille Lennox depuis le XVIIème siècle, le domaine de Goodwood s’étend sur près de 50 km carrés. Outre le château, on y trouve le circuit bien sûr, mais aussi deux terrains de golf, un hôtel cinq étoiles, un aérodrome et… les usines Rolls-Royce.
Il faut chercher du côté de l’aérodrome pour saisir les origines de la passion automobile qui habite les lieux. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le terrain fût utilisé par la RAF pour y construire deux pistes d’atterrissage entourées d’une route servant de parking aux avions militaires. Celle-ci avait volontairement été conçue toute en courbes, de façon à rendre la vie plus difficile aux Allemands ayant l’idée de venir bombarder les chasseurs britanniques au sol. C’est sur ce chemin que les pilotes de la RAF se livraient occasionnellement à des courses de voitures sur leur temps libre. Une idée que le Duc reprit à son compte en construisant le circuit de Goodwood sur le même tracé.
D’emblée, le circuit connut un grand succès. La première course s’y déroulant, une épreuve de Formule 1 hors championnat, réunit pas moins de 85 pilotes devant une foule de 15’000 spectateurs. Tous les grands champions de l’époque s’y affrontèrent, parmi lesquels Graham Hill, Jim Clark et Stirling Moss. Ce dernier s’y blessa gravement lors d’un accident en 1962, mettant fin à sa carrière. Plus tard, le pilote constructeur Bruce McLaren y perdit la vie. Ces drames poussèrent le Duc de Richmond à fermer le circuit à la compétition en 1966.
Le plan du circuit de Goodwood et du terrain d’aviation
Les temps modernes
En 1993, son petit-fils voulut ouvrir à nouveau les portes de Goodwood au sport automobile. Le circuit étant fermé, c’est dans les allées même du château qu’il lança le Festival of Speed, sorte de course de côte accueillant voitures historiques, bêtes de compétition et fine fleur de la production mondiale actuelle. Fort du succès des premières éditions, il rouvrit la piste en 1998 pour y organiser une seconde rencontre annuelle, le Revival. Celle-ci est uniquement consacrée aux voitures et aux avions historiques. Même les visiteurs s’habillent d’époque! Enfin, en 2014, il fût décidé de remettre au goût du jour la réunion des membres du GRRC, en faisant renaître de ses cendres le Members Meeting.
76 Members Meeting
Plus intimiste que le Festival of Speed, le Members Meeting laisse libre accès à ses visiteurs, autorisés à déambuler où bon leur semble.Plusieurs plateaux d’automobiles – et un de motos – s’affrontent sur le tracé de 3,8 km lors des essais du samedi et des courses du dimanche. Cette année les modèles du Groupe 5 des années 70 et 80 ont été mis à l’honneur, de même que Porsche, marque célébrant ses 70 ans. C’est ainsi que plusieurs modèles d’exception, notamment des 904, 906 et 910, ont pris le chemin de Goodwood. Parmi ceux-ci, toute une armada de 935, dont un rarissime modèle de route provenant de Suisse et confié aux soins de l’acteur Rowan Atkinson, Mr. Bean à l’écran, et la légendaire Moby Dick aux couleurs Martini, prêtée pour l’occasion par le musée Porsche et pilotée de main de maître par Jochen Mass.
Cliquer pour visualiser le diaporama.Autre plateau de prestige, la Salvadori Cup voyait s’affronter des « Sport-Racing Cars », un championnat mondial ayant eu lieu entre 1955 et 1960. Un groupe qui a vu pour la première fois en piste une voiture de la nouvelle écurie IWC Racing. L’horloger suisse a en effet décidé de créer son propre team. Partenaire de Mercedes-AMG, c’est évidemment un bolide à l’étoile qui a été choisi pour porter les couleurs d’IWC, en l’occurrence une Mercedes-Benz 300 SL Gullwing. L’honneur de prendre le volant de la course inaugurale de cette équipe est revenu au pilote écossais David Coulthard, vice-champion du monde en 2001 et auteur de huit victoires en Formule 1. Tâche dont il s’acquitta en se classant 9ème de la course Salvadori Cup, malgré de fortes bourrasques de neige. La voiture participera tout au long de l’année à d’autres courses historiques, David Coulthard, Lewis Hamilton, Valtteri Bottas, Jochen Mass, Maro Engel et Carmen Jorda devant se succéder à son volant.
Goodwood au poignet grâce à IWC
Déjà partenaire officiel et chronométreur des GRRC Members Meeting depuis 2015, IWC a dévoilé une montre spécialement conçue pour l’occasion, l’Ingenieur Chronograph Sport Edition “76th Members’ Meeting at Goodwood”. Présentée en personne par le CEO de la marque, Christoph Grainger-Herr, cette édition limitée à 176 exemplaires reprend le bleu clair symbolique des Members Meeting sur son aiguille des secondes. Son boîtier en titane d’un diamètre de 44 millimètres renferme le mouvement 69380, un calibre manufacture maison offrant une réserve de marche de 46 heures et doté d’une protection contre les champs magnétiques. Le dos de la montre reprend la forme d’un disque de freins de compétition estampillé du chiffre 76, clin d’oeil à la 76ème édition du Members Meeting.
Cliquer pour visualiser le diaporama.Après les émotions vécues lors de dix courses et une vente aux enchères, la journée de dimanche se termina par un grand bain de boue lorsqu’il fallut repartir des parkings provisoires installés dans les champs environnants. La neige et le froid, guest stars du Goodwood 76 Members Meeting!
– Jorge S. B. Guerreiro