"La meilleure équipe a perdu un autre joueur", dit le titre
en moquant la présomption du président qui prétend toujours
que tout ce qu'il fait et tout ce qui l'entoure est de première qualité
Un clin d'œil aussi au vocabulaire footballistique,
avec les éloges idolâtriques pour le meilleur joueur du monde, Messi,
qui n'a pas su éviter l'élimination à la sélection nationale
Hier, je l'évoquais comme une rumeur insistante qui courait dans les milieux informés de Buenos Aires mais la chose est avérée aujourd'hui : le directeur de la Biblioteca Nacional Mariano Moreno (du nom du révolutionnaire qui l'a fondée) vient de donner sa démission, pour raison de santé comme il était annoncé hier. Il a été aussitôt remplacé par son adjointe, ce qui prouve que comme on le murmurait, cette démission était bien sur le bureau, malgré les démentis du ministre.
Alberto Manguel a soixante-dix ans et la charge commence à peser beaucoup. Son fils se serait fâché devant le danger que ce travail représenterait pour son père. Il était arrivé en juillet 2016 alors que l'institution traversait une crise managériale gravissime et il a eu sans doute beaucoup de mal à s'imposer, ce qu'il semble avoir réussi à faire. Depuis l'annonce de l'emprunt auprès du FMI, les couloirs bruissent de la peur des salariés de voir de nouvelles vagues de licenciements s'abattre sur eux, et cela doit être pire depuis que le personnel de Télam a vu disparaître, avec des arguments d'une violence inouïe, le tiers de son effectif.
Alberto Manguel s'en va à la fin du mois. Et il a déjà annoncé haut et fort que le ministre de la Culture lui avait promis qu'il n'y aurait pas de licenciements et qu'il voulait le croire (il l'appelle même pas son prénom et non par son nom ni par son titre). Par cette déclaration, il espère sans doute empêcher toute opération contre le personnel mais on sait maintenant d'expérience que ce gouvernement ne respecte pas sa parole, surtout dans le domaine social.
En tout cas, ce départ est un signal très fort contre le gouvernement qui était allé débaucher Manguel de son poste de professeur d'université aux Etats-Unis. Qu'un tel intellectuel, avec une reconnaissance internationale, lâche le travail, même avec son âge en toile de fond, c'est au moins que de bonnes conditions de travail ne sont pas réunies, or établir ces bonnes conditions, c'était précisément la promesse de ce gouvernement.
Le même jour, Juan José Aranguren, ex-PDG de la filiale argentine de Shell avant d'être nommé par Mauricio Macri ministre de l'Energie et des Mines, vient de reconnaître devant la presse qu'il s'était fait lourder du gouvernement. C'était juste avant la signature de l'accord avec le FMI, au moment où le dollar montait à un rythme fou au détriment du peso, et qu'il fallait envoyer des signaux aux marchés. Etonnant, non, que l'un de ces messages ait été de flanquer à la porte un ministre de ce profil !
Pour en savoir plus : lire l'article de Página/12, qui fait de ce départ le sujet de la couverture de ses pages culturelles lire l'article de La Prensa lire l'article de La Nación lire l'article de Página/12 sur les déclarations de Aranguren (l'une des bêtes noires de la rédaction) lire l'article de La Nación sur les déclarations de l'ex-ministre.