Dans la plupart des cas, les travailleurs indépendants choisissent leur statut professionnel par goût pour l'autonomie qu'il leur confère. En revanche, ils sont rarement préparés à gérer les aléas financiers qui accompagnent cette liberté. Au Royaume-Uni, Trezeo a donc conçu un service destiné à lisser leurs revenus tout au long de l'année.
Le problème est bien connu parmi les freelances : il est souvent difficile, surtout dans les débuts, de planifier des vacances, d'appréhender une baisse d'activité temporaire, un accident ou une maladie, d'anticiper le règlement des impôts et autres charges, voire de préparer sa retraite… Toutes ces situations ont en commun de requérir une stricte discipline de prévoyance et d'épargne. La solution de Trezeo consiste à offrir un véritable « compte amortisseur », rendant cette contrainte transparente et indolore.
En pratique, le nouvel inscrit va connecter son compte bancaire habituel à la plate-forme de Trezeo. En analysant les transactions de l'année écoulée, celle-ci va déterminer son revenu moyen, sur la base duquel elle va lui demander de fixer la somme hebdomadaire dont il souhaite disposer. Il ne reste enfin qu'à domicilier les recettes sur le compte de paiement ouvert par la startup, qui se charge alors de lui verser le montant désiré chaque semaine, quelles que soient ses rentrées effectives durant la période.
Qu'il soit dans une phase prospère ou en baisse de régime, qu'il décide de prendre un jour de repos ou que ses clients soient absents, le travailleur indépendant perçoit la même somme, comme un salarié en entreprise bénéficiant de congés payés, d'une assurance maladie, d'un plan pour sa retraite… Pendant les hauts, le surplus de gains est gardé en réserve (tout en restant accessible à tout moment, cependant). Dans les moments plus difficiles, les économies ainsi accumulées viennent compléter les paiements, en leur ajoutant, si nécessaire, une avance versée directement par Trezeo.
Le modèle économique de la jeune pousse joue sur une transparence totale. Sa rémunération repose exclusivement sur une commission (de 1%) prélevée sur les montants virés vers les comptes de ses utilisateurs. Ces derniers ne portent pas intérêt mais les éventuelles avances de « salaire » ne sont pas facturées non plus (notons que les modalités de gestion des risques de défaut sur ces crédits ne sont pas précisées).
Née en 2016, Trezeo en est encore à ses premiers pas (elle est, d'ailleurs, engagée actuellement dans une campagne de financement participatif sur Seedrs). Mais il est facile d'imaginer dans quelle direction elle pourra évoluer. Elle trouvera notamment des opportunités complémentaires dans le domaine de l'épargne, par exemple en aidant les freelances à préparer leurs projets d'avenir, en prenant en compte les spécificités de leur situation, ce que ne savent généralement pas faire les banques traditionnelles.
En synthèse, ce que Trezeo nous propose, c'est une nouvelle démonstration d'un service financier conçu pour répondre à une « douleur » de sa cible de clientèle. Il n'est pas question de créer une énième banque pour les indépendants, avec ses produits standards, mais de leur offrir un compagnon « digital » capable de les libérer de leur angoisse des fluctuations incontrôlées de leurs revenus (puis peut-être, à terme, de leurs autres craintes pour l'avenir) qui sont l'inévitable contrepartie de leur autonomie.