Slovar publie la contribution de François HOLLANDE. Nous publions ci-dessous le sommaire et des liens directs vers l'intégralité du texte
Donner une cohérence à la gauche et un espoir à la France
L’enjeu du congrès est simple mais majeur : mettre le Parti socialiste en situation d’alternative victorieuse face à Nicolas Sarkozy.
Plusieurs conditions doivent être réunies si nous voulons atteindre cet objectif à temps pour gagner, enfin, en 2012.
La première tient à la bataille des idées :
La droite a engagé, depuis plusieurs années, une offensive idéologique d’envergure imposant ses thèmes et récupérant les peurs. La mise en œuvre de ces slogans a beau n’avoir produit aucun résultat probant pour le pays –son statut dans la mondialisation s’est même gravement détérioré- ils ont pesé sur les esprits de nos concitoyens, au point de brouiller les repères politiques des plus modestes comme des élites. Son système de pensée se résume dans le triptyque suivant : individualisation / marchandisation / communautarisation.
Pour répondre à ce défi, la gauche ne doit pas se limiter à une protestation morale. Elle doit construire une démonstration politique qui prouve à nos concitoyens que leurs aspirations individuelles ne sont jamais aussi réalisables que lorsqu’elles sont saisies dans un projet collectif. La solidarité est le levier de la réussite personnelle comme de la cohésion nationale. Nous devons apporter la preuve que, dans le monde tel qu’il est, avec les crises qui l’affectent –énergétique, financière, démographique, politique- l’avenir appartient aux solutions qui privilégient le moyen terme par rapport à l’immédiat, l’intérêt général par rapport aux intérêts fragmentés et les valeurs de la République par rapport au repli égotique ou religieux.
Si nous veillons à actualiser ce message, à le rendre concret pour chacun, nous sommes les mieux placés pour gagner cette bataille et donner espoir dans l’utilité et l’efficacité de la politique.
La seconde condition tient à la crédibilité de notre projet pour 2012 :
Soyons lucides. La mondialisation en cours produit un risque de déclassement des économies les plus développées sur fond d’intensification et de durcissement de la compétition internationale. Nous vivons, parallèlement, une mutation énergétique brutale qui renchérit tous les prix et rend caduc notre mode actuel de croissance. Par ailleurs, le temps de la vie s’allonge et les fondements de notre protection sociale sont menacés.
Dans ce contexte, l’on sait d’ores et déjà que la droite va nous laisser une France en mauvais état : nos déficits sont les plus élevés d’Europe, la croissance de notre économie y est plus faible, l’endettement public atteint un niveau record. Bref, nous ne pourrons pas faire croire, à notre tour, que « tout sera possible », même le temps d’un quinquennat.
Cette honnêteté nous dicte une éthique d’action : faire des choix, fixer un nombre limité de priorités et être précis sur nos propositions. L’esprit de catalogue, l’addition des intentions, la prétention brouillonne à tout réformer nous ont parfois rendu illisibles. L’accumulation de réponses à des questions qui ne nous sont pas toujours posées et les difficultés à appréhender celles qui le sont réellement, lorsque nous sommes aux responsabilités, créent la déception.
C’est au Parti socialiste de transcender ces vieux réflexes et d’écrire le contrat qu’il entend passer avec les citoyens. Il doit en rester à trois engagements fondamentaux : la réussite économique à travers un pacte de croissance, la couverture des risques à travers un pacte de solidarité, la transition énergétique à travers un pacte de développement durable.
La troisième condition du succès, c’est la cohérence du Parti socialiste et de la gauche :
Il n’y a pas de victoire possible sans le respect de cette obligation.
L’UMP a beau avoir ses querelles de personnes, elle est dirigée par le Chef de l’Etat lui-même et elle a fédéré toutes les droites comme jamais -sous la Vè République- le parti du Président n’en avait été capable. C’est un fait historique majeur. L’extrême droite s’est évaporée et, même si les ressorts de son influence demeurent, son électorat s’est recyclé pour l’essentiel à droite ; quant au MoDem, il apparaît davantage comme une concurrence nouvelle pour la gauche que comme une dissidence à droite. Nous ne sommes plus en face d’une famille conservatrice éclatée en plusieurs organisations, minée par ses combats de chefs, tiraillée par de vraies différences culturelles, voire philosophiques ; le libéralisme et Nicolas Sarkozy ont gagné bien plus qu’une élection présidentielle ; ils ont consacré leur hégémonie respective dans leur camp.
À gauche, nous souffrons, dans ce contexte nouveau, d’une double difficulté. D’abord celle qui relève de nos propres comportements. Nos débats sont regardés comme des contradictions qui atteignent la lisibilité de notre expression. La préparation de la présidentielle conduit à réduire l’autorité du PS par rapport au rôle des personnalités. Et le non respect, même par quelques-uns, des décisions prises par nos instances, altère le crédit de notre parti. Ensuite, celle qui tient à nos alliances. L’union de la gauche des années 70 et 80 a vécu ; la gauche plurielle des dernières années aussi. Mais rien ne les a remplacées, sauf des rassemblements de circonstance, au moment des élections locales et des désistements loyaux lors des scrutins de 2007. Sans structure commune, ni projet de gouvernement, ni candidature unique, la gauche ne peut pas bénéficier d’une dynamique permettant de dépasser les frontières partisanes, de porter haut ses couleurs dès le premier tour de l’élection présidentielle et de donner une cohésion à une future majorité. Dans cette situation, qui s’étonnera que la droite rêve d’un retour au scrutin majoritaire où elle l’emporterait non du fait d’un rapport de force favorable, mais de son strict avantage comparatif en termes d’unité ?
La leçon est claire : il faut fédérer la gauche. Celle qui veut gouverner avec nous. L’extrême gauche est dans une autre logique – celle d’une structuration de la radicalité. Elle doit être mise au défi non de sa sincérité, mais de sa responsabilité : à quoi sert la protestation si elle est impuissante démocratiquement ? Toute l’histoire du mouvement socialiste montre que les grandes avancées sociales ont été obtenues lorsque nous étions au pouvoir. Ces réussites constituent un héritage dont nous pouvons être fiers, qui amplifie encore les attentes à notre égard et qui rend d’autant plus nécessaire notre cohérence de parole et d’action.
Comme Premier secrétaire, j’ai eu à plusieurs moments à affronter les ferments de division. Et je revendique d’avoir fait prévaloir l’unité, au lendemain de 2002 comme la synthèse à la veille des échéances de 2007. C’était mon devoir, dans ma fonction, à des moments où beaucoup de Français s’interrogeaient sur notre capacité à vivre ensemble. C’est le même esprit qui nous a permis d’engager notre rénovation avec la déclaration de principes qui, désormais, nous réunit tous.
J’ai décidé de ne pas être candidat à ma propre succession. J’avais pris cet engagement en 2005, lors du Congrès du Mans. Je le respecte, après plus de 10 ans passés à la tête du PS. Je connais les atouts considérables que recèle notre formation politique : le dévouement de ses militants, la densité de son réseau d’élus –avec nos victoires de 2004 et de 2008-, la crédibilité dans l’exercice du pouvoir, local comme national. Mais, je peux aussi mesurer ses fragilités : vulnérabilité dans son assise électorale –notamment lors de l’élection présidentielle, étroitesse sociologique de sa base –encore trop éloignée de la réalité de notre société, individualisme des comportements au sommet.
Lire l'intégrale de la contribution sur le Blog de F.H.
Libellés : congrès, parti socialiste, politique