La Riponne des écrivains, SILLAGES, Cahier hors-série, Printemps 2018

Publié le 29 juin 2018 par Francisrichard @francisrichard

La Riponne est la plus grande place du centre-ville de Lausanne. La Municipalité a donné le coup d'envoi de son réaménagement. Études préliminaires, concours d'urbanisme sont lancés, avec large démarche participative, afin d'élaborer un plan partiel d'affectation, la réalisation étant prévue à l'horizon 2024.

Du coup, tout le petit monde lausannois est en émoi. Sillages, la Revue de l'Association Vaudoise des Écrivains, a décidé de donner la parole aux écrivains, une manière de les faire participer au débat qui est déjà passionné. Trente contributions lui ont été envoyées. Elle en a retenu vingt-deux, dont l'une est écrite en duo.

Voici la liste des écrivains qui ont contribué, dans leur ordre d'apparition:

Bruno Mercier, Benjamin Jichlinski, Cécile Vuillemin, Jean-Luc Chaubert, Alex Müller, André Durussel, Josette Pellet, Olivier Chapuis, Bernard Krummenacher, Catherine Dubuis, Maria Zaki et Jacques Herman, Sabine Dormond, Florian Poupelin, Hélène Dormond, Pascal Houmard, Janine Massard, Pierre Yves Lador, Denise Campiche, Nadine Richon, Simone Collet, Benjamin Ansermet, Julien Galland.

Dans son édito, Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la ville de Lausanne, dit que les écrivains sont importants:

Ils racontent un pays, une ville, ses habitants, mettent en mots et récits ce que nous tous ressentons, vivons, rêvons. Ils donnent aux débats de société - et celui concernant la Riponne en est un - la dimension artistique, fictionnelle et fantasmagorique que trop souvent l'on oublie...

Une fois refermé ce cahier spécial, le lecteur retient que la place de la Riponne actuelle est majoritairement considérée comme laide par les écrivains. D'aucuns disent qu'elle était mieux avant, d'autres disent même que c'était mieux avant qu'elle n'existe et que la Louve ne soit comblée en 1838, condamnée à couler sous terre...

Les avis sont partagés sur le Palais de Rumine, de style néo-florentin (représenté sur la couverture). Le Guide Bleu sur la Suisse (1967), que j'achetai il y a 50 ans, en 1968, juste avant de venir pour la première fois en septembre de la même année dans la capitale vaudoise, précise qu'il porte le nom du donateur, qu'il a été bâti de 1898 à 1904 sur les plans de l'architecte lyonnais G. André:

Devant la façade, deux colonnes portent une chimère et un sphinx. A l'intérieur sont installés les musées de l'État et de la Ville, la bibliothèque cantonale, les services centraux de l'Université et des salles de conférence.

[...]

A dr. du palais, montant les escaliers de la Madeleine, on laisse à dr. un square en terrasse avec statue de Louis Ruchonnet (1834-1892), homme politique, bronze par Lanz (1906)...

Si la bibliothèque et les musées sont toujours là, l'Université est à Dorigny. La Grenette, une halle et entrepôt à blé, construite entre 1838 et 1840, a été démolie en 1933. N'existe plus aujourd'hui le cinéma Romandie (depuis 2004), qui jouxtait un Mövenpick (disparu en 1998)... Le parking en surface est devenu souterrain au début des années 1970... Mais le marché de centre-ville s'y tient toujours les mercredis et samedis matin...

Les mots-clés du cahier sont Riponne, bien sûr (et ses produits dérivés), Louve, Rumine, Madeleine, Ruchonnet, Grenette, Romandie, parking, marchés, auxquels il faut ajouter Fêtes du Bois (fêtes scolaires des classes enfantines et primaires), Picoulet (chanson et danse enfantine), Cirque Knie, Fontaine (1994), marginaux, ivrognes, jeunes en rupture, drogués...

Dans la dernière contribution, on peut lire:

Les débats n'ont jamais cessé. Un large consensus répète qu'il "faudrait faire quelque chose". On a construit une fontaine qui fait la risée des passants, les marchés du samedi tentent de faire bonne figure, on organise de temps en temps des concerts, mais le désert interminable impose toujours son long pensum aux courageux qui s'y aventurent vaille que vaille...

La nature a horreur du vide, disait Aristote.

La vertu de la Riponne, c'est son vide, dit Pierre Yves Lador.

Ce sera une gageure toute helvétique que de trouver un consensus...

Francis Richard

La Riponne des écrivains, Cahier hors-série - Printemps 2018 de SILLAGES, Revue de l'Association Vaudoise des Écrivains,