En 2015, peut-être avant, on annonçait, dans l'arrondissement de Montréal-Nord, le projet d'une murale, érigée dans le cadre des projets du centenaire de l'endroit. On échangeait avec des représentants de plusieurs organismes nord-montréalais et avec les citoyens afin de plaire à tous et de faire naître un projet vraiment communautaire.
Très vite, un nom est trop souvent revenu: Fredy Vilanueva. La murale en serait une en honneur au petit gars tué par balle perdue en 2008.
Hier, on a annoncé que le projet, en esquisse depuis 3 ans, a maintenant changé. On rénovera plutôt le parc Henri-Bourrassa. Et on crééra une onirique place de l'espoir. La mairesse était nerveuse à la radio pour en parler. Elle savait que ça ferait grincer des dents.
Murale aux chiottes.
Vous savez ce que ça veut dire, graffiteurs.
Aux armes!
C'était la méthode bureaucratique, on passe par le comité de la mairesse, on étudie la chose, on marine la soupe.
Voilà! on a essayé par la voie traditionnelle. Il ne faut jamais trop compter sur nos élus.
La murale est aux chiottes.
J'ai déjà la murale en tête. Mais j'imagine encore mieux un mur d'édifice, de building, de blocs de logements, sur lequel, son visage trop connu, devrait apparaître. Cette route, sur Henri-Bourassa est pleine de logements terriblements laids. Sur lesquels le simple visage de Fredy Vilanueva rappellerait à la fois une triste erreur, mais aussi la fleur de l'âge. Quelque chose de beau. Fredy sera au moins mort beau.
Ça sent la bavure qu'on ne voulait pas exposer à vie, de la part de la municipalité. Peut-être même que le policier impuni y a mis du sien et n'a pas voulu y voir un rappel de ce qui restera pour lui aussi, un certain traumatisme.
Jean-Loup Lapointe change de poids si il circule à nouveau dans Montréal-Nord. Ce qu'il ne ferait plus jamais.
Dessinez nous un hommage à un dommage collatéral sociétaire.
Je ne sais plus qui disait "on reconnait la santé d'une ville à ses graffitis".
Prenez une nuit complète, car ça devra se faire vite (mais bien), un matin trop tôt, en silence, afin de communier avec son âme et dessinez nous Fredy Villanueva.
Parce que rien n'est plus vrai: Villanueva: nouvelle ville.
Montréal-Nord n'est plus tout à fait la même ville depuis l'été 2008.
J'aimerais tant avoir la surprise de découvrir une murale offrant un hommage à Fredy un matin vers 5h45.
Il ne faut pas passer par la ville. Il faut passer par la nuit.
En toute liberté.
On vous as parlé hier, graffiteurs.
À vous de nous épater. Encore et toujours.
C'est une commande qu'on vous passait.