"De pays émergent à pays aux urgences", dit le gros titre
Le gouvernement argentin a beau multiplié les discours optimistes et mettre en avant le classement du pays comme marché émergent et la confiance que lui ferait le FMI en lui accordant un prêt, les marchés ne suivent pas.Le dollar a de nouveau atteint les 28 pesos hier, alors qu'il avait légèrement reculé à 27. Et l'indice boursier de Buenos Aires a perdu 8,9 points.
La Nación consacre sa photo de une à l'élimination de l'Allemagne
et traite en gros titre la crise financière
et en titre très secondaire (à droite du gros titre) la nouvelle politique en faveur des PME
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Du coup, le gouvernement change de cap et s'intéresse à nouveau aux PME qu'il avait abandonnées à leur triste sort, il y a deux ans et demi, lors de son arrivée au pouvoir, au profit des grosses entreprises qui ont sa préférence (mines, aérien, BTP, immobilier, carburants, banques). Le président avait méthodiquement saccagé toutes les dispositions prises par le gouvernement précédent pour soutenir la production industrielle locale, les petites entreprises familiales, les coopératives et l'agriculture biologique et raisonnée. Le patronat des PME avait tenté de tirer le signal d'alarme sans obtenir la moins réaction des pouvoirs publics. Ces derniers temps, beaucoup de petites maisons ont mis la clé sous la porte, incapables de surmonter les brutales et répétées hausses des tarifs du gaz et de l'électricité, qui ont fait exploser les coûts de revient. Et voilà que la présidence annonce un plan d'aide aux PME... Mieux vaut tard que jamais. Certains ministres laissent peu à peu tomber le discours triomphaliste, aveuglé et comme insensibles aux souffrances provoquées par leur politique ultra-libérale (mais pas Hernán Lombardi, dont on a vu hier qu'il chantait les vertus d'un licenciement massif à Télam), et quelques uns, dans les marocains économiques, osent à présent tenir un discours un peu plus proche de la réalité vécue par l'Argentin moyen en annonçant une récession à venir et des mois difficiles qui attendent le pays (et en parlant de mois, ils restent bien optimistes).
Clarín reste vraiment très discret sur la crise financière et la politique pro-PME
(dans la colonne de droite)
Comme chez son concurrent,
la défaite allemande au Mundial a les honneurs de la photo
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Dans ce changement de comportement et de discours, Clarín croit voir l'influence de deux agences de communication et d'analyse de conjoncture auxquelles le président Mauricio Macri (1) accorderait désormais une confiance exclusive... Quant à Página/12, avec son humour habituel, grinçant le plus souvent, il a fait une image de une qui vaut tous les articles : l'Argentine se noie sous une inondation de dollars.
Pour en savoir plus : sur la conjoncture économique générale du pays lire l'article principal de Página/12 lire l'article de La Nación lire l'article de Clarín sur les aides aux PME lire l'article de Página/12 lire l'article de La Nación lire l'article de Clarín
(1) La ressemblance entre le style de leadership et de discours de Macri et de Macron est de plus en plus troublante. On dirait que les deux hommes sont taillés dans le même modèle et déroulent les mêmes scénarios, fondés sur les mêmes idées préconçues et à la mode.