- ou il y a quelque endroit qu'ils s'efforcent en hâte d'atteindre- ou ils sont incapables de bouger, alors qu'ils sont à la poursuite de certaines personnes- ou ils s'engagent dans une rixe - ou sont eux-mêmes roués de coups- ou ils tombent des hauteurs- ou sont aspirés en l'air, sans avoir d'ailes.- parfois encore, c'est comme si certains tentaient de les assassiner, sans que qui que ce soit ne les poursuive- ou comme si eux-même avaient tué leurs proches, car ils sont souillés de leur sang,
jusqu'au moment où ils se réveillent.Ils ne voient rien, ceux qui se trouvaient pris dans toutes ces affaires déconcertantes, puisqu'elles n'étaient rien.De même, il en est ainsi de ceux qui ont écartés d'eux-mêmes l'ignorance, tout comme on écarte le sommeil, sans lui attribuer une valeur quelconque ni non plus considérer ses effets comme des effets solides, mais ils les ont dissipés, comme on dissipe un rêve nocturne.Et la connaissance du père, ils l'ont estimée, puisqu'elle est la lumière. C'est comme si chacun avait agi en étant endormi, au moment où il était dans l'ignorance, et c'est comme s'il s'était réveillé, en parvenant à la connaissance.Écrits gnostiques, La Pléiade, p. 68Ce sentiment de dormir, de rêver sa vie est "gnostique", mais il se retrouve, bien sûr, dans le bouddhisme et l'hindouisme en général.Dans sa version archaïque, c'est-à-dire dans le bouddhisme ancien, le Sâmkhya ou le Védânta, la prise de conscience du rêve entraîne le réveil et la fin du rêve. C'est le nirvâna.Dans sa version plus mûre, c'est-à-dire dans le Mahâyâna et le tantrisme, la prise de conscience du rêve n'entraîne pas sa disparition, mais sa transformation. C'est la liberté-en-cette-vie, jîvan-mukti, synthèse de la liberté et de la vie, de la connaissance et de l'amour (moksha et bhoga).