David Byrne, Chris Frantz et Tina Weymouth ont tous fréquenté l'école ensemble à la Rhode Island School of Design au début des années 70. Quand je suis né, leur groupe de musique naissait aussi.
Byrne jouera de la guitare et chante. Frantz y joue de la batterie. Sa blonde, Weymouth, est la plus grande fan du band The Artistics. Elle est la chauffeur désignée de la plupart de leurs mini-tournées. Ils ont un appartement ensemble, à New York. Incapables de se trouver un convenable joueur de base, Frantz convainc Tina, qui manie la guitare, de se former comme bassiste. Elle apprendra l'instrument et les postures en écoutant Suzi Quatro.
Le 5 juin 1975, mon bon ami Wally Wakaluk fête ses 3 ans pendant que Talking Heads offre son premier spectacle en première partie des Ramones. Un ami trouve le nom du groupe en feuilletant un TV Guide où on y parle d'une émission de gens filmés seulement de la taille à la tête, parlant de sérieux contenus, sans action aucune, sinon cérébrale. On envoie des démos aux maisons de production. On signe en novembre 1976. Un premier single est lancé en février 77. Un mois plus tard, on engage le claviériste, parfois guitariste, et voix additionnelles des Modern Lovers de Jonathan Richman, Jerry Harrison. Les Talking Heads ont pris forme pour toujours.
Le premier album est lancé en septembre et le single Psycho Killer fait mouche. On l'associe, erronément, à l'été 1977 où le fils de Sam avait fait vivre l'horreur, à New York, à de nombreuses familles. C'est un hasard heureux car la chanson est écrite depuis 4 ans. Les quelques mot glissés en français sur la chanson leur donnent un côté chic qui ne les quittera pas.
Brian Eno a travaillé avec Roxy Music, David Bowie, John Cale et Robert Fripp. Il adore le band au point de faire du nom d'une de ses chansons un anagramme du nom de leur band: King's Lead Hat. Leurs sensibilités artistiques se rejoignent. Le style post punk, funk psychédélique, croisés aux rythmes africains séduit. Quand vient le moment de travailler un album, et de choisir le nom de l'album, Tina s'exclame, "il me semble qu'on vient d'enregistrer plus de chansons sur des immeubles et de l'alimentation qu'avant". Frantz confirme que le nom de l'album vient d'être trouvé. Une reprise d'un morceau de Al Green les faits beaucoup jouer à la radio et les ouvre au grand public.
L'album suivant sera encore concocté avec Eno à la production, croisant punk/new wave, africabeat et funk. L'automne suivant, un dernier album du band avec Eno, Remain In Light, sera très influencé par le Dieu nigérien Fela Kuti, ses rythmes polyafricains et sera un avant goût des explorations de musique du monde de David Byrne en solo, dans le futur. Une jeune Angélique Kidjo, alors étudiante, entend leur musique et n'arrive pas à croire que ce n'est pas de la musique africaine.
Autour de la même période Tina, sa soeur et Chris Frantz forment ensemble un band parallèle: Tom Tom Club. Harrisson fera de même avec un album solo et Byrne aussi, avec Eno.
Ça reste si sain pour tous, qu'ils entreront ensuite dans la portion la plus populaire de leur carrière. Pendant 10 ans.
Eno part produire pour U2, le groupe multiplie les tournées mais ne lance plus d'albums studio avant trois ans encore. Tom Tom Club lance alors un autre album. Le groupe a compris l'importance de l'émergence du videoclip et deviendra un des meilleurs utilisateurs du concept. L'humour, l'insolite et l'audace y seront toujours présents. Dès 1983, un classique est né. Tiré de leur 5ème album. La tournée qui suivra sera documentée par la caméra de Jonathan Demme, un album en tournée naîtra de cette tournée, qui sera aussi la dernière ensemble.
Trois autres albums sont lancés. En 1985. Bon succès. Puis, en 1986, autre succès. L'album est accompagné d'un film, une comédie musicale surréaliste, mettant en vedette le band, John Goodman, Swoosie Kurtz, Tom Tom Club et Spalding Gray. Le film est un peu comme l'émission 60 Minutes sur l'acide. Un fameux groupe d'Abingdon, dans l'Oxfordshire y puisera son nom de groupe pour le futur, du titre d'une chanson du disque.
Finalement, Naked est lancé en 1988. Il générera un de leur plus gros hit. Ce sera leur dernier album.
Byrne lance un album solo en 1989, puis un autre fin 1991. Tom Tom Club lancera aussi deux albums et obtiendra un joli succès, au Royaume-Uni surtout. Jerrry Harrison lance également deux albums solo et fera la première partie de Tom Tom Club, en tournée.
C'est en décembre 1991 qu'on annonce que Talking Heads n'existe plus.
"J'essaie d'écrire sur les petites choses. Les animaux, le papier, les maisons...l'amour...c'est plutôt un gros sujet. J'avais écrit une chanson d'amour pour ce film. Je l'ai chantée à une lampe."
-David Byrne dans le film Stop Making Sense.
Même si Byrne n'est plus intéressé, parce qu'ailleurs musicalement, les trois autres, Weymouth, Frantz et Harrison, lancent un intéressant album en 1996, sous le nom de The Heads. Johnette Napolitano (des Concrete Blonde), Micheal Hutchence (d'INXS), Debby Harry (de Blondie), Richard Hell, Maria McKee (de Lone Justice), Shaun Ryder (des Happy Mondays), Malin Anneteg, Ed Kowalczyk (de Live), Tina Weymouth, Gordon Gano (de Violent Femmes), Andy Partridge (de XTC) et Gavin Friday se relaieront tour à tour pour chanter sur l'album. Byrne sera insulté, la brouille sera totale.
Harrison devient un producteur de studio renommé. Tom Tom Club lancera deux autres albums et obtiendra un bon succès, principalement en Angleterre. Ils sont échantillonnés sur des morceaux de Grandmaster Flash ou Mariah Carey et produisent quelques albums eux-aussi.
Entre 1992 et maintenant, Byrne lance 9 albums, retravaille avec Eno, écrira aussi 8 livres entre humour, essai, dessin et expérimentation. Il travaillera aussi dans le théâtre expérimental, sur la musique de certains films, partira sa propre chaine de radio internet et, avide cycliste (il ne conduit pas de voiture), il a non seulement écrit sur le sujet et supporté toutes les causes pro-cyclisme, mais il a aussi désigné des supports à vélo dont la forme représente le quartier dans lequel il est placé à New York. (Ex: À Wall Street, un signe de dollar, à Williamsburg, Brooklyn, une guitare électrique, etc.).
Angélique Kidjo a lancé cette année un album hommage aux Talking Heads.
En passant par les Francofolies de Montréal récemment, j'ai participé à un "concours" qui me permettrait d'aller voir David Byrne à Montréal, gratuitement, le 12 septembre prochain.
Je me suis mis Sand in the Vaseline, une compilation du groupe, sur mon Iphone. Si vous ne connaissiez pas le groupe, je vous suggère de commencer par ceci afin de savoir si vous aimez.
Clap Your Hands and Say Yeah en sont de dignes héritiers.