La SNCF, c'est la galère. C'est le principal changement qui m'ait frappé en revenant en banlieue. La SNCF semble éternellement en grève. Même lorsqu'elle ne l'est pas officiellement, comme aujourd'hui, les suppressions de trains et les incidents ne cessent jamais. C'est extraordinairement usant. Je suis bombardé d'alertes qui me disent qu'il y a des gens sur la voie, une panne de signalisation, des branches sur les fils électriques, un train bloqué en gare d'Asnières... Et, quand je suis dans le train, régulièrement, quelqu'un tire le signal d'alarme, histoire de s'amuser. Pour être sûr d'arriver à l'heure à ses rendez-vous, il faut partir avec une heure d'avance, ou plus. En fait, les trains fonctionnent à peu près aux heures de bureau. Du moins si cela ne vous gêne pas de voyager debout. Mais, lorsque vous n'êtes pas un salarié, les choses se compliquent. Par exemple, si vous rentrez un peu tard, vous risquez de devoir prendre le bus, pour causes de travaux sur les voies. Et ce qui aurait dû prendre un quart d'heure dure une heure. Une innovation bienvenue : l'application SNCF. Malheureusement, elle n'arrive pas toujours à se lancer sur mon téléphone, et elle se trompe parfois.
Le plus étrange dans cette affaire, c'est que, à la SNCF, le chaos est devenu la norme. On ne s'intéresse qu'au syndicaliste. L'usager ne compte pour rien. Il n'a pas le droit de vote. Ce n'est pas un homme.
J'ai pensé à la "misère des classes moyennes" de Bourdieu. Un temps, les gouvernements ont probablement voulu éloigner la menace communiste en facilitant l'accès du peuple à la propriété et aux études. Puis, il n'y a plus eu de communisme. Et ce peuple, sa banlieue, ses nains de jardin, ses bagnoles et ses joies médiocres a fait horreur à nos élites ? Une classe de capitalistes, d'oppresseurs ?