À l'époque, je me trouvais à Solenzara, en Corse, où l'escadron auquel j'étais affecté était stationné pour effectuer une campagne de tir en mer Méditerranée. Le capitaine m'avait annoncé assez sobrement que mon père était décédé selon un câble qu'il venait de recevoir de ma base aérienne de Salon, près de Marseille.
Inutile de dire que j'étais à la fois choqué et désemparé et que je ne savais pas trop comment prendre la nouvelle. Il m'a alors dit qu'il pourrait me faire transporter à bord d'un avion de chasse de l'armée de l'air en direction de la base aérienne de Dijon, qui se trouvait juste à 300 km de chez mes parents.
Juste après décollage, nous avons survolé cette île pittoresque qu'est la Corse, je me souviens encore avoir vu de la neige qui traînait autour du Monte Cinto, et après un vol rapide au dessus de la Méditerranée et des Alpes, nous atterrissions à Dijon.
Bien que j'adore voler, je n'avais pas vraiment apprécié ce drôle de voyage. De là, j'avais fait le reste du parcours en auto-stop jusqu'à la maison, où je suis arrivé en pleine nuit, appréhendant la situation qui m'attendait.
La porte d'entrée était fermée à clé, ce qui m'a surpris car je pensais que ma mère se serait attendu à mon arrivée cette nuit-là. Je me souviens d'avoir fait le tour de la maison jusqu'au jardin pour me retrouver sous la chambre de mes parents.
Ma mère a dû m'entendre car elle a parlé à mon père. Ma confusion a fait place au soulagement quand j'ai expliqué la raison de ma visite imprévue. Ma mère s'est exclamée : « Papa va bien ! » L'armée s’était tout simplement trompé et avait alerté la mauvaise recrue !