Il ne manquait plus que ça.
Alors que l’école est tiraillée entre les «néopédalogogistes» - qui ne jurent que par les apprentissages centrés sur l’apprenant et qui glorifient le statut de l’erreur - et les «rétropédalogogistes» - qui ne jurent que par les savoirs et les notes - , certains partis politiques particulièrement compétents en matière d’éducation – UDC et MCG – veulent (ré)introduire l’hymne national à l’école !
Brillante idée qui devrait séduire les enseignants qui adorent faire apprendre par cœur et faire répéter à l’infini les mêmes mots afin qu’ils restent définitivement gravés dans les tendres cerveaux qu’ils ont pour mission de façonner.
Répétez après moi, tous en choeur !
Sur nos monts, quand le soleil
Annonce un brillant réveil,
Et prédit d’un plus beau jour le retour.
Les beautés de la patrie
Parlent à l’âme attendrie;
(…)
Kevin, bon Dieu ! Âme attendrie, pas arme attendrie.
On recommence, répétez après moi, tous en choeur !
Et ça continue, ça dure, ça perdure, ça s’éternise comme ça, jusqu’à ce que les cerveaux les moins poreux et les plus réfractaires se soumettent.
Ça continue comme ça jusqu’à ce que les «apprenants» les plus rétifs veuillent bien consentir à se laisser graver – pour l’éternité - dans la mémoire 7 fois Dieu, 5 fois pieux et 5 fois cieux.
Et moi qui croyais qu’en Suisse l’école était laïque …
Mais peu importe les paroles, car comme le dit Alain Morisod – encore un spécialiste de l’éducation - «Tant que les enfants chantent, ça ne peut pas faire de mal.»
Me voilà rassuré : à en croire notre star nationale, on peut tout aussi bien leur faire apprendre «L’Internationale» … du moment qu’ils chantent, hein ?
Bon, c’est pas le tout, faut que je vous laisse, c’est l’heure de mon cours de chant.
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