Un Raccourci dans le Temps // De Ava DuVernay. Avec Storm Reid, Oprah Winfrey et Reese Witherspoon.
Décidément, Disney a bien du mal à raconter des aventures fantastiques pour toute la famille. Basé sur le roman de Madeleine L’Engle et adapté par Jennifer Lee (La Reine des Neiges) et Jeff Stockwell (Le secret de Térabithia), Un Raccourci dans le Temps n’est pas le film que j’attendais. Je suis passé à côté au cinéma, en grande partie car je n’ai pas vraiment eu le courage de me lancer dans cette aventure, la bande annonce ne m’ayant pas convaincu. La naïveté du récit est sûrement ce qu’il y a de plus problématique dans ce film. Celui-ci nous assomme alors d’une certaine forme de morale facile qui ne semble être destinée aux enfants de 7 à 14 ans. Le souci ici c’est qu’il y a pourtant des idées, notamment d’un point de vue visuel où le film s’avère assez bluffant. Ava DuVernay (Selma) reprend alors les codes du film d’aventures pour enfants des années 2000 mais la façon de raconter l’histoire n’est pas suffisamment palpitant alors que l’histoire n’a de cesse de prendre des raccourcis. C’était peut-être le titre du film mais franchement, cela définit très bien les problèmes dont souffre celui-ci. Mais il y avait des idées, notamment le fait que le film a été fait par des femmes et avec des femmes. Ce côté féministe a de quoi séduire, mais cette morale usante du bon vivre ensemble ne colle jamais avec la magie que le film tente de nous faire vivre au fur et à mesure.
Comme la plupart des collégiens, Meg Murry manque d’assurance et tente de trouver sa place. Très intelligente (ses parents sont des scientifiques mondialement connus), elle possède - tout comme son petit frère Charles Wallace - un don rare qu’elle ne n’a pas encore exploité. La disparition inexpliquée de son père va l’amener à faire la connaissance de trois guides – Mme Quidam, Mme Qui, Mme Quiproquo– venues sur Terre pour l’aider à le retrouver. Accompagnés de Calvin, un camarade de classe, ils trouvent au cours de leur quête un raccourci spatiotemporel les entraînant vers des mondes insoupçonnés sur lesquels règne un personnage maléfique…
Je pense que Un Raccourci dans le Temps a de quoi séduire un jeune public friand d’aventures fantastiques kitchouilles avec tout ce qu’il faut de pathos dégoulinant de bons sentiments. Sauf que je m’attendais à un truc légèrement mieux, peut-être plus construit aussi. Tout cela est adapté d’un livre culte qui est tout de même bien plus passionnant que ce que Disney a tenté d’en faire ici. Mais le scénario écrit par l’une des scénaristes de La Reine des Neiges reprend alors les codes assez gentillets mais gnangnan du Disney pour enfants. Je suppose donc que le film était justement destiné aux enfants avant tout mais pourquoi ne pas donner aussi aux adultes l’envie d’aimer ce qu’ils ont en face d’eux ? Je ne sais pas. Surtout que Ava DuVernay n’apporte jamais vraiment rien et se contente de suivre le cahier des charges bien problématique de Disney, qui ne lui laisse aucune liberté de mise en scène et gâche alors son talent. Avec des enjeux aussi maigres que ceux de ce film, on peut se demander comment celui-ci a pu être validé dans les bureaux de Disney. Son flop au box office n’est pas très étonnant et symbolise aussi le problème qu’il y a actuellement à Hollywood : prendre des raccourcis en s’appuyant sur des franchises connues plutôt que de réellement innover. Ce film aurait pu innover car l’histoire est intéressante (dans le livre en tout cas), mais il nous rappelle surtout le côté conservateur de Disney qui ne semble jamais chercher à bousculer ses propres codes.
Note : 2/10. En bref, des raccourcis dans l’histoire pour une vraie perte de temps.
Date de sortie : 14 mars 2018