A vouloir impιrativement combinι film d’anticipation (aux effets spιciaux moyens) et trame dramatique des plus pessimistes, "Je suis une lιgende" se brϋle les doigts… Avis sur un divertissement prometteur qui dιηoit…
"Je suis une lιgende"… Non pas "moi", mais Will Smith, alias le scientifique Robert Neville, dans le nouveau film de Francis Lawrence. Enfin notre homme n’est pas encore pour l’heure une "lιgende", mais il reste le dernier κtre humain de New York. En effet, un virus a dιcimι la population mondiale. Rares sont les survivants qui, immunisιs contre une attaque virale foudroyante, tentent de survivre face aux "autres" : des humains qui se sont transformιs en monstres nocturnes assoiffιs de sang ! Isolι dans une ville dιserte, Robert Neville travaille maintenant sur la crιation d’un anti-virus. Dιambulant de la journιe avec son Berger allemand, Samantha, Robert essaye de garder la forme, chasse pour se nourrir, mange des lιgumes et va louer des DVD’s… Lorsque la nuit tombe, notre hιros se barricade dans sa maison pour ιchapper aux humains infectιs qui envahissent la ville et sθment la terreur dans les rues de l’ex "Big Apple".
Aprθs avoir mis en scθne le sombre et, ΰ la fois, excitant "Constantine" (2005), on aurait pu penser que Francis Lawrence allait insuffler pas mal de mysticisme et d’effets pyrotechniques dans son nouveau film. On n’est assez loin du compte ! Avec ce "Je suis une lιgende", Lawrence ιtonne et dιsarηonne en calfeutrant le rιcit dans une impressionnante sobriιtι doublιe d’un goϋt innι pour les silences prolongιs. Pas nιcessairement facile ΰ apprιcier, ce traitement a toutefois le mιrite d’imposer une certaine angoisse latente et menaηante au long-mιtrage…
En terme d’horreur, durant la grosse majoritι du film, on devine plus qu’on ne voit. Les sιquences de "haute tension" ιtant trop rares et trop courtes, on n’atteint jamais les sommets du suspense. Si les dιcors restent trθs impressionnants, la numιrisation des "crιatures" laisse, par contre, ΰ dιsirer. On se situe plus dans la fibre irrιelle des monstres ΰ la "Van Helsing" que dans ceux de "Balde II", par exemple.
Will Smith reste, ΰ l’ιcran, impιrial ! Il est clair que "Je suis une lιgende" repose entiθrement sur ses ιpaules. Accompagnι d’un chien attachant, Smith traduit toute la solitude et la tristesse aigue d’un Robert Neville sombrant peu ΰ peu dans la "folie affective"... Aprθs une bonne heure et demie, ampoulιe par de nombreux temps morts, on espθre que l’arrivιe de nouveaux personnages, campιs par Alice Braga et Charlie Tahan, va redynamiser le rιcit. L’apparition de ces deux nouveaux protagonistes prιcipite en fait la fin de l’histoire qui reste dans le mκme ton que la majoritι du film : obscure et tristounette !
Jouant habilement avec les flash-backs, le long-mιtrage de Francis Lawrence manque toutefois d’intιrκt bien qu’il regorge d’ιmotion. Les films tιmoignant de la fin de la race humaine sont lιgions & on a dιjΰ vu mieux en la matiθre ! "Je suis une lιgende" est ainsi nettement moins incisif et nerveux que "28 semaines plus tard", ou franchement moins optimiste que le rιcent "Invasion"...
Retenons toutefois l’analogie, sιduisante et plus lιgθre, opιrιe dans le film entre le personnage bourru, jouι par Will Smith, et Shrek, l’ogre vert des studios "DreamWorks". Effet similaire (et bienvenu) avec la petite dissertation sur l’humanitι rayonnante de l’artiste Bob Marley.
En rιsumι, "Je suis une lιgende" se prιsente comme un drame apocalyptique aux effets spιciaux corrects (sans plus) ΰ voir principalement pour la performance de Will Smith. Sinon, ce film, hautement pessimiste, manque cruellement d’intιrκts si l’on exclut quelques rares scθnes "ΰ couteaux tirιs" assez angoissantes. On est quand mκme loin du rιsultat escomptι. Si vous pensiez voir une superproduction alliant sensationnel, terreur et suspense vif et incisif, c’est franchement ratι !
La bande-annonce...