Il y a quelques jours, sur mon palier, j'ai trouvé un mégot. Je ne fume pas et à ma connaissance aucun des voisins de mon étage ne fume. Il m'a donc semblé logique que ce mégot venait de l'étage supérieur, probablement déplacé par les pas des uns et des autres marchant dessus. Il aura alors naturellement échoué un étage plus bas.
Le lendemain, j'ai retrouvé ce même mégot encore un étage plus bas, avant de finir le soir même au rez-de-chaussée. Soit parce que la mécanique des pas l'a fait tomber, soit aussi, peut-être, parce qu'il est toujours désagréable d'avoir un mégot devant sa porte, et qu'il est simple de déplacer le problème en donnant un coup de pied dedans. Le rez-de-chaussée des immeubles est souvent plus sale que le dernier étage. Sali par « ceux » qui montent, mais aussi par « ce » qui descend.
C'est ce qu'on pourrait appeler la théorie du ruissellement : quand un mégot ne remonte jamais l'escalier.
Le ruissellement, c'est quand Les financiers cachent des emprunts pourris dans des titres qu'ils vendent, et que les pauvres trinquent encore 10 ans après cette crise des subprimes. C'est quand on sauve les banques sur l'argent du contribuable, à raison de 400€ par français. C'est quand on casse le code du travail parce que l'industrie ne sait pas gérer les emplois dont il a besoin. C'est quand les maladies générées par l'industrie (médical, pollution, particules fines) génèrent des emplois. Quand Volkswagen améliore le PIB de l'Allemagne en causant des maladies respiratoires partout dans le monde. Quand le pétrolier BP pète un tuyau et raye le golf du Mexique de la carte du monde. C'est quand après avoir travaillé chez Rotschild, Macron vend ce qui reste de service public.
Le ruissellement, c'est quand au nom du progrès et de l'hygiène économique, on vide la fosse septique des 0,01% les plus riches sur les 50% les plus pauvres en prétendant fertiliser la croissance.