Le réconfort de Pierre Daymé 2,5/5 (20-05-2018)
Le réconfort (220 pages) est sorti le 10 janvier 2018 aux Editions Fayard
L’histoire (éditeur) :
Il y a deux sortes de rencontres. Celles que l’on oublie et les autres. Ma rencontre avec Quentin appartient à la seconde catégorie. Notre histoire ne fut pas heureuse ; à vrai dire, je ne sais même pas s’il y eut, entre nous, assez de matière pour parler d’une histoire qui puisse être la nôtre. En dépit des rares fois où se sont croisés nos chemins, nous n’avons jamais vécu autre chose que deux histoires séparées. De celle de sa courte existence, j’ai été l’invisible et fidèle figurant ; dans la mienne, il s’est maintenu au rang de personnage principal. Il fut à l’origine de déceptions innombrables et programmées, de calculs infinis et de cruautés coupables. Fallait-il que la mort nous sépare, pour que l’amour qu’il m’avait un jour refusé devienne la source inespérée de mon réconfort ?
Mon avis :
Le réconfort est une histoire d’amour, d’hommes, de déchirement et de souffrances. Si l’amour (impossible) semble être au centre de l’histoire, c’est avant tout tristesse et noirceur qui s’en dégagent.
Quentin tombe amoureux de Kristian Hansen, mais celui-ci se rend compte que leur relation est vouée à l’échec et surtout que ses sentiments ne sont pas réciproques, alors il met un terme à leur relation. Mais Quentin n’arrive pas à se détacher. Malgré tout la vie continue et son chemin croise celui du narrateur, qui loin d’être un palliatif, lui permettra toutefois, après quelques chassés-croisés, de renouer avec Kristian…
Ce que je retiens de ce premier roman de Pierre Daymé se sont de belles formules et des métaphores filées qui touchent, sonnent juste et reflètent très bien ce que ressentent les personnages.
« Enchaînés l’un à l’autre, Quentin et Kristian Hansen traversent la nuit de leurs pas de prisonniers. Quentin est une île perdue au milieu de l’océan, cherchant à jeter des ponts vers un continent qui n’existe plus. Et jeter des ponts ne fera pas réapparaître le rivage qu’il imagine au loin. » Page 28
« J’étais une poupée autour de laquelle se crispent les petites mains inconsolables et furieuses d’un enfant qui imagine ce corps mou et soumis comme était celui de l’être qui lui manque ; une poupée décevante qu’il enverra rageusement voler contre un mur ; une poupée coupable de n’être rien d’autre qu’un bout de chiffon et qui lui rappelle que le corps absent de l’autre est irremplaçable. » page 53-54
« Personne n’est obligé de souffrir autant, m’avait dit sa mère. Souffrir, ne jamais guérir, pleurer la perte de Kristian Hansen, avait peut-être été la seule façon qu’il avait trouvée pour exister. Le refuge d’où personne ne pourrait venir le déranger. Pas de cloche. La tristesse pour seule consolation.
Et qu’aurait-il fait, alors, si un jour il s’était réveillé et aperçu que toute tristesse avait disparu ? » Page 207
Toutefois Le réconfort n’a pas réussi à soulever d’émotions en moi. Je n’ai pas été touchée par les personnages et certains passages, sans finesse, plutôt crus, trop visuels et à la limite du vulgaire m’ont mise mal à l’aise. J’ai eu quelques difficultés à entrer dans l’histoire, à comprendre même sa naissance, son but et son message (s’il y en a). Même si les dernières pages ont réussi à relever un peu l’intérêt, je n’ai pas adhéré plus que ça à l’ensemble de l’histoire, appréciant davantage la forme que le fond.
Je garde donc en tête un auteur qui manie le sens de la formulation et plein de sensibilité, et j’espère que son prochain titre saura plus me parler.