Où l'on parle d'une radicalisation supplémentaire du jeune monarque, cette semaine où il claque 500 000 euros de vaisselle quand il dénonce le "pognon de dingue" que coûteraient les aides sociales. Et où il refuse l'accueil d'un bateau chargé de migrants sur les rives française tout en tweetant sur le devoir de responsabilité. Où il lance la privatisation de quelques joyaux nationaux pour financer sa politique de président de riches.
La triche et la hontePour sa campagne électorale victorieuse, celle qu'il a gagné grâce à un duel final contre une extrême droite dont il a finalement repris l'essentiel de la politique migratoire et sécuritaire (dixit l'un de ses anciens supporteurs, #lol), Emmanuel Macron a violé la loi. Il a bénéficié de ristournes prouvées et illégales de la part d'entrepreneurs amis pour ses frais de campagne. Les sommes en jeu dans ces "rabais Macron" sont faibles, plus faibles que les montants facturés par la France insoumise à deux prestataires que la commission de contrôle des comptes de campagne conteste à demi-mots. Mélenchon justement réclame une révision de tous les comptes de campagne. Puisque la commission n'a pas fait correctement son boulot,
La réalité est là, Macron a triché sur le "pognon de dingue" dépensé pour sa campagne et qu'il entend se faire rembourser aujourd'hui.
L'association Anticor a porté plainte.
Justement, un bateau de SOS Mediterranée, avec 629 migrants à son bord, réclame de pouvoir accoster sur les cotes italiennes. Le nouveau gouvernement de coalition avec l'extrême droite héritière des fascistes, lui interdit. Le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni propose mardi 12 juin d'accueillir le navire sur l'île. Mais la République lui interdit. Le gouvernement macroniste s'oppose. Emmanuel Macron est ce "bon bourgeois qui regarde ailleurs". La France refuse l'accueil à ce bateau en perdition.
C'est finalement à Valence, en Espagne, 3 jours et deux morts plus tard, que le bateau accoste enfin. A Paris, quelques élu(e)s macronistes ne cachent plus leur écoeurement devant le cynisme de l'équipe Macron/Philippe/Collomb: "on les accueille et on voit après !" enrage la députée Sonia Krimi, les larmes aux yeux.
Mais ce n'est pas tout.
Vendredi, le cynisme du jeune monarque est à son comble quand il tweet à nouveau: "sur l'immigration, souvenons-nous qu'il s'agit de vies humaines"...
"Cynisme de dingue"
Vous avez bien lu, nous avons bien entendu: les minimas sociaux coûtent "un pognon de dingue". Et il faut "responsabiliser les pauvres". Macron répète l'argument conservateur ultime - attaquer l'efficacité des prestations sociales, qui restent le plus fort et le plus important élément de redistribution sociale du pays, avec une hargne aussi intense que sa passivité polie sur l'efficacité des exonérations fiscales accordées à la France d'en haut.
Agnès Buzyn, celle pour qui la Sécu "n'est pas là pour rembourser des montures Chanel" ose justifier d'un gros mensonge, le lendemain: "c'était une conversation privée autour d'un discours. Il était en train de penser". Car même au gouvernement, on avoue que la manœuvre publicitaire est bien préparée, "Il fallait faire monter le sujet, attirer l’attention coûte que coûte. A côté de la tragédie de l’Aquarius, le congrès de la Mutualité ne faisait pas le poids" confie un responsable de la communication d’un ministre du gouvernement Philippe.
La belle affaire...
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Introduire le doute sur l’éligibilité des pauvres aux prestations sociales, alors que l’État devrait être condamné en justice pour non-assistance aux millions qui ne réclament pas les aides auxquelles ils ont droit., n'est-ce pas la Macronista ainsi bien résumée ?
Quelque 5 milliards du RSA ne sont pas versés faute de réclamation et à cause du labyrinthe administratif créé par un certain Martin Hirsch, alors ministre de Nicolas Sarkozy. Plus généralement, près d'un Français sur deux ignorerait les aides auxquelles il a droit.
"La présidence des riches pousse partout à une violence qui suffoque la société." Jean-Luc Mélenchon
La sous-ministre à l'Egalité Femmes/Hommes, Marlene Schiappa, se fend d'un tweet où elle croit citer Karl Marx pour défendre les déclarations de son patron de monarque. La citation est fausse, lui rappelle son propre père, dans un court billet sur Facebook qui ne fait que citer la doxa marxiste. Le contre-sens de la ministre est total.
"On est très content. C’est un succès."
Un conseiller élyséen.
Mercredi 13 juin, Jupiter délivre donc son "grand" discours de politique sociale au congrès de la Mutualité Française, à Montpellier. Il est sifflé. Même Sarkozy n'avait pas osé, en son temps, venir défier l'argument de solidarité nationale qu'est notre système de prestations sociales. A Montpellier, Macron déroule le même raisonnement rapidement mis en scène pour Twitter, de façon grossière: les pauvres sont toujours pauvres ("Mais dans les faits, ce que nous constatons, c'est que tous les jours l'effectivité de ces droits est remis en cause (...)."); les prestations sociales coutent de plus en plus cher ("nous consacrons une part toujours plus grande de notre richesse nationale à la protection sociale."), trop cher puisqu'elles sont inefficaces.
Donc la conclusion macroniste est simple, évident, logique: il faut "réinventer un système qui rende les droits effectifs et concrets pour tous nos concitoyens", "s'attaquer à mes yeux au problème à la racine, aux dysfonctionnements d'un système social trop centré sur les acteurs et pas assez sur nos compatriotes".
Bizarrement, il n'applique pas, jamais, cette même logique à la politique de l'offre (cf. le bilan désastreux pour les finances publiques du CICE) ou à la baisse massive des impôts des plus riches du pays.
Bizarrement.
Le doublage chantage contre les pauvres
De ces recommandations jupitériennes, évacuons les arguments de façades qui ne correspondent à rien de la pratique gouvernementale depuis un an ("prévention de la pauvreté" ?). Concentrons nous sur le premier chantage: réclamer du travail aux bénéficiaires du RSA. Le Conseil d'Etat vient d'ailleurs de lui donner quelque espoir: saisi par le préfet du Haut-Rhin qui contestait l'obligation à quelques heures de travail imposée par le conseil départemental de droite aux bénéficiaires du RSA (Faire sept heures de bénévolat par semaine au risque de se voir priver de l'allocation du RSA), il a considéré que cela n'était pas illégal.
A Montpellier, Macron est explicite:
"Il y a ensuite la part de celles et ceux qui peuvent revenir vers le travail, mais que rien n'incite, ni n'accompagne pour faire ce chemin. Et c'est là où il nous faut tout à la fois accompagner et responsabiliser, et j'assume ce double discours, à la fois, cet « en même temps », il y a celles et ceux qui, étant aux minima sociaux, y restent parce qu'ils ne peuvent pas reprendre un emploi à temps plein pour des raisons familiales, pour des raisons d'accompagnement d’eux-mêmes ou du reste de la famille, et pour lesquels, aller vers quelques heures de travail, aller, avec un accompagnement social, vers le travail est la bonne réponse."Réclamer des heures de travail en échange du revenu minimum de solidarité, voici que nous sommes prévenus.
Jupiter précise d'ailleurs ce qu'il entend par cet "accompagnement social vers le travail" qu'il veut mettre en place pour les bénéficiaires des minima sociaux tels le RSA: "cet accompagnement va avec une responsabilisation, va aussi avec un contrôle, va avec un suivi, parce qu'il existe, vous avez eu raison de rappeler qu'elles ne sont pas majoritaires, mais des situations où des gens se sont installés dans une forme d'exclusion, mais où ils ont construit leur existence et où dans les situations économiques où nous sommes, nous devons, là aussi, les accompagner, les responsabiliser et leur faire retrouver le travail, parce qu'ils en sont capables." La novlangue utilisée pour masquer la réalité du flicage et des sanctions à prévoir contre celles et ceux qui, "accompagné(e)s vers le travail", ne donneront pas satisfaction, est écœurant.
Elle s'accompagne d'un second chantage: si dans "ce chemin d'accompagnement et de responsabilisation qui permet l'émancipation dans et par le travail" précise Macron, "toutes celles et ceux qui peuvent faire ce chemin ne le font pas, nous n'aurons pas légitimement les moyens d'aller financer les risques légitimes et la grande vulnérabilité que j'évoquais tout à l'heure". En d'autres termes, bougez vous les pauvres et les fainéants ! Car sinon, on ne pourra plus payer le reste des prestations sociales ! Jupiter prévient: pas question de "dépenser plus en ne responsabilisant personne."
Que n'a-t-il utilisé le même vocable au sujet de sa politique d'assistanat aux plus aisés du pays, ou sur le bilan du pacte irresponsable de responsabilité, incluant ce CICE que Macron a pérennisé ?
Comme le souligne l'hebdomadaire Marianne, Macron suit les pas de Nicolas Sarkozy version 2009 et Laurent Wauquiez quand ces derniers réclamaient de subordonner l'accès au RSA (550 euros mensuels actuellement) à un minimum d'heures de travail par mois.
L'efficacité des aides sociales
Plutôt que de commenter l'aggravation des inégalités de revenus que son propre gouvernement a réalisé, Macron fustige donc les prestations sociales: "la réponse à la pauvreté ne saurait être monétaire" explique-t-il (sic!). Il s'abrite derrière des formules creuses qui sont à l'exact inverse de la politique qu'il mène depuis un an: il loue un "Etat providence de la dignité et de l'émancipation" mais aggrave les inégalités avec la suppression de l'ISF sans contreparties, le plafonnement des impôts et cotisations sur les revenus de la spéculation et de l'épargne à un niveau plus bas que ceux du travail, l'augmentation des déremboursements et du forfait hospitalier, la réduction des aides au logement, ou la déconstruction des engagements de logement social.
Source: Alternatives Economiques
Macron dépense un "pognon de dingue" en exonérations fiscales pour les entreprises, suivant l'exemple désastreux des politiques reaganiennes des années 80.Un "pognon de dingue" en réduction d'impôts pour quelques centaines de milliers de foyers les plus riches.
Il s'autorise un "silence de dingue" contre les paradis fiscaux, où "il n’y a jamais eu autant d’argent sale", rapporte le juge Renaud Van Ruymbeke dans une édifiante interview aux Jours.
Il nie la réalité: l'ensemble des prestations sociales réduisent les inégalités sociales dans une proportion inégalée en Occident. C'est démontré année après année, malgré les arguments des défenseurs de la rente et de la France d'en haut.
Les deux tiers des réductions des inégalités de revenus en France sont obtenus grâce aux prestations sociales: "En 2016, les prestations sociales mettent en jeu des masses moyennes deux fois moins importantes que les prélèvements mais contribuent pour 65 % à la réduction des inégalités, soit presque deux fois plus que les prélèvements" explique l'INSEE.
Le train de vie du président des riches
Macron est ainsi, hors sol, volontairement ignorant d'une réalité de classe qui le dérange. Il ne comprend d'ailleurs pas qu'on s'indigne quand il dépense sans compter l'argent des contribuables pour les besoins de son confort présidentiel.
Le jour même de ce discours, le Canard Enchainé confirme que le couple Macron a commandé pour 500 000 euros de vaisselle en porcelaine à la Manufacture de Sèvres. Et qu'il a préféré dépenser une vingtaine de milliers d'euros de l'argent des contribuables en jet privé pour parcourir 110 km entre La Roche-sur-Yon (Vendée) à Rochefort (Charente-Maritime).
Quand il présidait le pays, le Général de Gaulle payait lui-même ses factures de gaz et d'électricité, et même sa vaisselle à l'Elysée. Jupiter accorde 400 000 euros d'argent public à son épouse, et voyage en jet privé y compris pour des déplacements privés.
7 milliards d'économies sur les minima sociaux.
L'hôpital public coute un "pognon de dingue". C'est pour cela que le gouvernement a supprimé 1,6 milliards de crédits pour 2018. Quand deux infirmières réclamaient davantage de moyens au jeune monarque en visite publicitaire dans au CHU de Rouen en avril dernier, Jupiter répliquait qu' "il y a des catégories de postes où il faut le faire (...) et des réorganisations à faire" tandis qu'Agnès Buzyn roulait des yeux en expliquant que "l''activité des hôpitaux en France a baissé de 2% alors qu'on augmente les budgets."
Depuis janvier, quelque 100 000 patients des hôpitaux publics ont passé au moins une nuit sur un brancard. Où est passé Agnès Buzyn ?
L’hôpital public n'est pas seul menacé. Le projet Cap 22 est ce plan encore tenu secret qui vise à économiser un "pognon de dingue" sur les services publics, 30 milliards d'euros d'économies d'ici 2022, dont la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. 34 hauts fonctionnaires et cadres supérieurs y travaillent en secret: aucun travailleur de terrain, aucune infirmière, aucun ouvrier, juste une ancienne représentante de la CFDT (révolutionnaire !). Ce petit groupe acquis à la marche macroniste comprend même deux représentants de fonds d'investissement (BlackRock et FDR Finances).
La livraison du premier rapport a pris du retard.
Pourtant, peu à peu chaque ministre déshabille ses propres équipes. Ainsi, sur les bancs de l'Assemblée nationale, Bruno Le Maire justifie la suppression de quelques dizaines de postes de surveillance sanitaire à la DGCCRF.
Pour protéger des intérêts économiques, les député.e.s godillots adoptent la nouvelle loi sur le secret des affaires. Promesse non tenue, cette loi ne renforce pas mais affaiblit les protections des journalistes, des médias, des chercheurs, des syndicalistes, bref, des lanceurs d'alerte en tous genres: elle définit un droit au secret des plus flous qui autorise les entreprises à placer tout et n'importe quoi sous le sceau du secret inviolable des affaires. Le député LREM rapporteur de cette loi, Raphaël Gauvain, est un ancien avocat d'affaires spécialisé dans les contentieux d'affaires pour le compte de grandes entreprises.
Vendredi 14 juin, jour du vote, la quasi-totalité des journaux français, mais aussi 52 organisations et syndicats: "Les représentants du personnel pourront être poursuivis pour avoir diffusé des informations aux salariés. Les ONG devront démontrer qu’elles agissent pour le bien commun. Et les organes de presse pourront être assignés devant des tribunaux de commerce" expliquent les signataires de la tribune.
Privatiser pour financer les cadeaux fiscaux
Le "Pacte" est une loi alibi pour habiller une énième libéralisation reaganienne.
Quelle modernité...
Ami