Je vous envoie ce travail
bien modeste inspiré par l’affaire Garaudy [La publication des Mythes fondateurs de la politique israélienne et le
lynchage médiatique et judiciaire qui s’ensuivit, NDLR]
Commençons
par ce qu’il est convenu d’appeler la pensée unique. Voici des extraits d’une
superbe conférence qui traite sereinement de ce thème épineux et polémique :
« Ceux
qui se sont donné pour but d’empêcher la libre confrontation des idées se font
gloire de ne pas débattre (…), parce que le refus du débat épargne d’avoir à
réfuter, c’est-à-dire permet de faire l’économie d’une discussion
intellectuelle dont, il faut bien le dire, les tenants de la bien-pensance ont
aujourd’hui rarement les moyens. (…) On ne réfute plus les idées qu’on dénonce,
on se contente de les déclarer inconvenantes ou insupportables. La condamnation
morale dispense d’un examen des hypothèses ou des principes sous l’horizon du
vrai et du faux. Il n’y a plus d’idées justes ou fausses, mais des idées
conformes, en résonance avec l’esprit du temps, et des idées non conformes,
dénoncées comme intolérables. (…) Un livre peut ainsi être dénoncé, même si ce
qu’il contient correspond à la réalité. » (Alain de Benoist, 2003 ; le texte
intégral de la conférence est disponible gratuitement sur Internet)
Assez de
cette funeste crypto-dictature qui nous écrase tous :
« Un jour
viendra où nous n’aurons plus assez de mots pour expliquer à nos héritiers que
nous n’avons rien fait pour empêcher des détrousseurs de démocratie de leur
voler l’avenir… » (Denis Jeambar, "Les Dictateurs à penser", 2004)
« Nous ne
voulons blesser aucune conscience, mais nous voulons allumer tous les flambeaux
; tant pis pour qui se plaît à la nuit et au sommeil ! Le temps des dogmes et
des infaillibilités est passé ; il n’y a plus aujourd’hui que des faits
scientifiques et des opinions. (…) L’unité des esprits doit naître désormais d’un
libre, universel et incessant examen, et (…) toutes les ténèbres hypocritement
accumulées tomberont. » (Pierre Larousse, préface au "Grand dictionnaire
universel du XIXe siècle", 1865 ; le texte intégral de cette préface est
disponible gratuitement sur Internet)
« A-t-on
jamais vu que la pesanteur du conformisme ait durablement raison de l’esprit
critique ? Il faut faire, sans se lasser, l’éloge des dissidents... »
(Jean-Claude Guillebaud, "La Trahison des Lumières", 1995)
*
Sur la
tâche d’écrire l’histoire et comment l’effectuer correctement, Garaudy ayant
été complètement délégitimé - malgré une œuvre importante et fort variée et un
incontestable humanisme universaliste dont témoigne une longue vie qui a été
éclatante de dévouement à la cause de la justice – en raison d’un livre
relevant de ce domaine, tout a été dit par un auteur brillant et certes
original de l’Antiquité :
« Il
faut, avant tout, que l’historien soit libre dans ses opinions, qu’il ne
craigne personne, qu’il n’espère rien. Autrement, il ressemblerait à ces juges
corrompus qui, pour un salaire, prononcent des arrêts dictés par la faveur ou
la haine. (…) L’unique devoir de l’historien, c’est de dire ce qui s’est fait
(…), et négliger tout le reste ; en un mot, la seule règle, l’exacte mesure,
c’est de n’avoir pas égard seulement à ceux qui l’entendent, mais à ceux qui,
plus tard, liront ses écrits (…), ne s’inquiétant pas de ce que dira tel ou
tel, mais racontant ce qui s’est fait. (…) Il vaut mieux, prenant la vérité
pour guide, attendre sa récompense de la postérité que se livrer à la flatterie
pour plaire à ses contemporains. Telle est la règle, tel est le fil à plomb
d’une histoire bien écrite. » (Lucien de Samosate, "Comment il faut écrire
l’histoire" ; l’intégralité de ce texte d’une étonnante modernité est
disponible gratuitement sur Internet)
Toujours en ce qui concerne l’écriture de
l’histoire, une historienne de profession bien connue précise :
«
L’Histoire (…) cesse d’exister si elle n’est plus recherche du vrai, fondée sur
des documents authentiques ; elle s’évapore littéralement ; mieux : elle n’est
plus que fraude et mystification. » (Régine Pernoud, "Pour en finir avec
le Moyen Âge", Éd. Points, 2014, p. 123)
Il faut
aussi bien évidemment une totale et inconditionnelle et véritable liberté pour
l’histoire, car autrement elle cesse d’exister en tant que science positive, et
cette exigence inaliénable est rappelée par le titre du livre dont est tirée la
citation suivante :
«
L’Histoire n’est ni une religion ni une morale ; elle ne doit pas être
l’esclave de l’actualité ni s’écrire sous la dictée de la mémoire ; la
politique de l’État n’est pas la politique de l’histoire. » (Pierre Nora et
Françoise Chandernagor, "Liberté pour l’Histoire", 2008)
*
Par
ailleurs le travail de l’historien est dépeint à merveille en ces termes :
«
L’historien, comme le juge, occupe une position de tiers, et, de fait, aspire à
l’impartialité. Mais, il s’agit là d’une aspiration nécessairement inassouvie,
au sens où l’impartialité totale est impossible. L’historien ne peut, ni ne
veut, porter un jugement historique - et quand bien même il le ferait, le
jugement historique est par nature provisoire et sujet à controverse. Dans le
prolongement, de même qu’il est impossible d’accéder à l’impartialité absolue,
l’historien n’a pas les moyens d’écrire une histoire globale, qui annulerait
les différences entre points de vue, une histoire unique qui embrasserait celle
des exécutants, celles des victimes et celles des témoins. (…) La controverse
semble donc inévitable, et l’histoire est vouée à un perpétuel révisionnisme. »
(Pauline Seguin, 2012 :http://indomemoires.hypotheses.org/3261; il s’agit du compte-rendu d’un livre de Paul Ricœur)
C’est
exactement ce qu’a affirmé Garaudy dans son livre incriminé :
«
L’histoire, pour échapper au terrorisme intellectuel des prédicateurs de la
haine, exige une perpétuelle révision. Elle est révisionniste ou bien elle est
une propagande déguisée. Revenons donc à l’histoire proprement dite, critique,
"révisionniste", c’est-à-dire fondée sur l’analyse des textes, la
vérification des témoignages, les expertises sur l’arme du crime. » (Roger
Garaudy, "Les Mythes fondateurs de la politique israélienne", Éd.
Samizdat Roger Garaudy, 1996, p. 58)
C’est là
une lapalissade puisque l’histoire passe pour une science :
« En tant
que science, l’histoire est révisionniste par nature, voire négationniste. On a
longtemps cru la Terre plate, on le nie maintenant. S’ensuit que décréter
l’arrêt des recherches sur un point quelconque du champ scientifique, c’est
nier la nature même de la science. (…) Dès lors qu’on est sur le terrain
scientifique, il est interdit d’interdire de réviser ou de nier. Le faire,
c’est sortir du champ scientifique. » (Jacques Baynac, historien tout à fait
orthodoxe, « Le débat sur les chambres à gaz », dans le journal "Le
Nouveau Quotidien" - de Lausanne -, 03 septembre 1996, p. 14)
Voilà qui
est clairement exprimé et ne souffre aucune ambiguïté. L’histoire véritable est
donc par essence révisionniste ; on a là affaire à une notion devenue trop
infâmante parce que la vérité quand elle remet en cause certains dogmes, et
menace ainsi l’injuste et criminel "ordre" mondial qui repose sur ces
derniers, ne semble pas intéresser beaucoup de personnes dans les milieux
universitaires et autres institutions académiques ; voici un exposé limpide sur
ce qu’est le révisionnisme :
« Le
révisionnisme consiste tout simplement à reconsidérer en profondeur un ou
plusieurs éléments de ce qui jusqu’ici a été accepté comme vrai au sujet d’un
événement quelconque. Certains historiens présentent le révisionnisme comme une
infamie, de sorte qu’utiliser le mot "révisionniste" pour qualifier
une thèse revient ipso facto à la rejeter. Pourtant, le révisionnisme n’a rien
de répréhensible en soi. Les versions toutes faites de nombre d’événements
historiques se sont avérées inexactes. Et ce n’est souvent qu’à travers le
révisionnisme qu’on a pu se rapprocher de la réalité de ce qui s’est
effectivement passé. Bien sûr, il existe une sorte de révisionnisme qui mérite
sa mauvaise image. Certaines thèses révisionnistes ne visent pas à revenir à la
réalité, ce qui s’est réellement passé, mais plutôt à redéfinir une réalité
historique dans la ligne de ce que l’on veut faire croire à l’opinion pour
justifier un projet à venir. (…) Le critère objectif de la véracité d’une thèse
révisionniste est qu’elle prend en compte tous les éléments de preuve
significatifs dont on dispose. Elle ne se contente pas de retenir les éléments
à l’appui de son propos en passant les autres sous silence. Autre signe de
recherche de la vérité, la thèse révisionniste honnête explique en quoi la
version précédente qu’elle vise à remplacer est erronée. Elle ne se contente
pas de la nier mais fournit des éléments qui prouvent qu’elle comporte des
erreurs, et démontre en quoi les éléments qui vont à l’encontre de la version
généralement admise étayent la version révisée qu’elle propose, en y joignant
éventuellement des éléments de preuve complémentaires. Une partie non
négligeable de la tâche consiste, bien sûr, à démontrer que les preuves qu’on
apporte sont crédibles. » (David R. Griffin, "11 Septembre. Omissions et
manipulations de la commission d’enquête", 2004)
Et c’est
très volontiers que je cite à présent un auteur bien connu et ancien ministre
de la Culture de ce pays car je trouve que ce qu’il nous dit abonde dans le
sens de cet exposé :
«
Confronter les sources et les points de vue, c’est précisément ce qui est au
cœur de l’écriture de l’histoire. » (Frédéric Mitterrand, dans le journal
"Le Monde", 03 novembre 2010, p. 15)
En effet
voici à mes yeux le principal trait de caractère d’un vrai démocrate :
« Le
démocrate, après tout, est celui qui admet qu’un adversaire peut avoir raison,
qui le laisse donc s’exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. »
(Albert Camus, « Démocratie et modestie », dans le journal "Combat",
30 avril 1947)
Pour
caractériser l’antithèse du "vrai démocrate" citons l’incontournable
Voltaire :
« La rage
du préjugé qui nous porte à croire coupables tous ceux qui ne sont pas de notre
avis, la rage de la superstition, de la persécution, de l’inquisition, est une
maladie épidémique qui a régné en divers temps, comme la peste. » (Voltaire,
"Politique et législation", 1819)
Et dans
le même ordre d’idées:
« La
réflexion ne profite qu’aux idées justes ; les idées fausses ne supportent pas
l’examen et ne peuvent vivre qu’autant qu’on ne les discute pas. » (Alfred
Naquet, "Le Divorce", Éd. E. Dentu, 1881, p. 3). L’autre - ouvert à
la discussion rationnelle et raisonnable – Naquet ! Je fais bien sûr allusion à
l’historien antirévisionniste Pierre Vidal-Naquet car c’est lui qui avait lancé
cette monstrueuse fatwa : on ne doit jamais discuter avec ceux qui ne sont pas
de notre avis ! D’où l’absence de débat véritable sur la question qui nous
occupe. D’où l’inexistence et même la proscription à ce jour dans le monde dit
"libre et démocratique" d’une controverse scientifique publique digne
de ce nom en la matière. Ce n’est point là une attitude digne de prétendus amis
de la vérité…
*
Je suis
plus que certain qu’aucun ami véritable de la vérité ne trouvera à redire sur
ces citations :
« Les
plus hauts royaumes de la pensée sont impossibles à atteindre sans d’abord
arriver à un certain niveau de compassion. » (Socrate)
« Puisque
nos opinions sont différentes, asseyons-nous et discutons. Tâchons de
comprendre l’origine de nos divergences. » (Anonyme)
« On a
voulu croire que, pour obtenir la paix, il fallait lisser les aspérités,
écraser les nuances et éviter les disputes… » (Raphaël Enthoven, "Little
Brother", 2017)
« Le
temps de l’inquisition est revenu. Or la science - on ne le répétera jamais
assez - n’a progressé que dans la liberté d’expression, dans la diversité des
opinions que l’on confronte. C’est ainsi que naissent des idées nouvelles, qui
bousculent les anciennes. » (Claude Allègre, "L’Imposture
climatique", 2010)
« Partout
où on interdit la discussion, quel que soit le thème du débat, on est en dehors
de ce que l’on appelle la pensée rationnelle. » (Jean-Pierre Vernant)
« Redouter
la discussion, c’est se défier de sa propre cause ; celui qui ne cherche que la
vérité n’a rien à perdre en discutant. » (Pascal Duprat)
« Une
discussion est impossible avec quelqu’un qui prétend ne pas chercher la vérité,
mais déjà la posséder. » (Romain Rolland)
« Sur un
plan plus général, la vérité acquise dans telle ou telle situation ne saurait
prétendre à une validité absolue. Elle est actualisation d’une exigence
inaliénable et subjective, l’exigence de vérité. » (Ferdinand Gonseth)
« Il existe
une exigence de vérité en nous qui est précisément la première vérité à
laquelle nous puissions accéder. » (Jean Grenier, "Nouveau lexique",
1969)
« La
vérité n’a pas d’heure, elle est de tous les temps, précisément lorsqu’elle
nous paraît inopportune. » (Albert Schweitzer)
« Quand
on a accepté le mensonge pour vérité, ne sommes-nous pas déjà morts ? »
(Boualem Sansal, "Le Serment des barbares", 1999)
« Nous
n’acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d’abord par
l’étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l’erreur, fut-elle
mille fois estampillée (…). Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû
reconnaître que ses savants éducateurs n’avaient d’autre science à lui
enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l’abattoir… »
(Élisée Reclus, "Évolution et Révolution", 1891)
« Ce qui
nous est demandé, c’est un effort de discrimination objective et subjective :
rejeter l’erreur sans haïr les hommes. Ce monde dont nous refusons les
mensonges et les impostures, implacablement, c’est aussi le nôtre (…). Mais
nous avons d’abord et avant tout à faire exister la vérité en nous-mêmes, dans
notre intelligence. Le combat que nous menons est contre nos propres ténèbres.
Par le simple fait que la lumière se fait dans un esprit, le monde moderne tout
entier vacille. » (Jean Borella, 1989)
« Trois
phares sur la route de la vérité : Droiture, Désintéressement, Amour. »
(Anonyme)
« Un
énoncé est dit "vrai" lorsque la prétention à la validité qu’il
exprime est justifiée. Le lieu d’épreuve de la vérité c’est l’argumentation. La
vérité naît de la discussion » (Antoine Tine)
« Nous
qui sommes des êtres faillibles (…) n’avons en effet d’autre voie possible,
pour nous assurer de ce qui est vrai, que celle d’une discussion à la fois
rationnelle et ouverte sur l’avenir. » (Jürgen Habermas)
« Le but
de la discussion ne doit pas être la victoire, mais l’amélioration. » (Joseph
Joubert)
« Dans
toute discussion, que la vérité soit ton but ; pas la victoire, ou un intérêt
injuste. » (William Penn, "Les Fruits de la solitude", 1682)
« On perd
tout espoir de retirer des fruits d’une discussion si l’on refuse de
reconnaître que les hommes doués de raison peuvent tous s’entendre. » (Mortimer
Jerome Adler, "Comment lire un livre", 1940)
« Pour
discuter, il faut a priori accepter de se rendre aux raisons de l’autre, sinon
aucune argumentation sérieuse n’est possible. » (Marcel Conche)
« Le
désaccord suppose un langage commun, celui de la raison - argument contre
argument. Oui, mais pour argumenter, il faudrait lire, ou écouter, quand il est
si gratifiant de dénoncer ou d’insulter. » (Élisabeth Lévy, 2014)
« L’on
observe même dans certains cas une sorte d’institutionnalisation de la méthode
qui consiste à substituer l’insulte à l’argument, ou l’intrigue et la
manipulation à la discussion. » (Raymond Boudon)
« La
barbarie a donc fini par s’emparer de la culture. À l’ombre de ce grand mot,
l’intolérance croît, en même temps que l’infantilisme. Quand ce n’est pas
l’identité culturelle qui enferme l’individu dans son appartenance et qui, sous
peine de haute trahison, lui refuse l’accès au doute, à l’ironie, à la raison -
à tout ce qui pourrait le détacher de la matrice collective -, c’est
l’industrie du loisir, cette création de l’âge technique qui réduit les œuvres
de l’esprit à l’état de pacotille (…). Et la vie avec la pensée cède doucement
la place au face-à-face terrible et dérisoire du fanatique et du zombie. »
(Alain Finkielkraut, "La Défaite de la pensée", 1987)
« Le
premier problème qui s’impose est celui de l’écoute. En effet, (…) seul celui
qui sait écouter pourra faire de sa parole un acte de communication. L’écoute
est le premier acte du respect et de la tolérance qui rend possible le débat
démocratique. » (Michel Crozier, "La Crise de l’intelligence", 1995)
« Si nous
étions foncièrement honnêtes, nous ne chercherions, dans tout débat, qu’à faire
surgir la vérité, sans nous soucier de savoir si elle est conforme à l’opinion
que nous avions d’abord défendue ou à celle de l’adversaire : ce qui n’aurait
pas d’importance ou serait du moins tout à fait secondaire. Mais c’est
désormais l’essentiel. La vanité innée (…) ne veut pas accepter que notre
affirmation se révèle fausse, ni que celle de l’adversaire soit juste. »
(Arthur Schopenhauer, "L’Art d’avoir toujours raison", 1830)
« Il nous
faut aujourd’hui apprendre à maîtriser la complexité du monde moderne, ce qui
exige un approfondissement de la pensée, une coopération accrue des
intelligences (…). Dans tous les domaines - en particulier ceux qui concernent
l’humain - l’accès au réel passe obligatoirement par une écoute interactive, ou
n’aura pas lieu. » (Thomas De Koninck, "La Nouvelle Ignorance et le
Problème de la Culture", 2000)
« On ne
peut qu’être stupéfait et consterné devant la multiplication et la banalisation
(…) d’une corruption idéologique du débat public entre spécialistes reconnus
par leurs pairs, ou supposés tels : cette corruption de la discussion
scientifique, parasitée par des passions politiques intellectualisées, consiste
à substituer la dénonciation et le dénigrement à l’argumentation rationnelle, à
jeter l’anathème sur tout objecteur, à frapper d’excommunication tout
contradicteur. » (Pierre-André Taguieff, "L’Effacement de l’avenir",
2000)
«
Contrairement à tant d’espoirs iréniques qu’elle avait pu faire naître, la
culture aussi a ses (…) sectes et ses chapelles. Il n’est jamais si ardent
défenseur de la liberté et de la tolérance qui ne pourchasse l’une et ne
répudie l’autre aussitôt qu’il en a le pouvoir. » (Nicolas Grimaldi,
"L’Inhumain", 2011)
« Troquer
la liberté d’expression contre le pouvoir d’opprimer ne déplaît pas toujours
aux intellectuels. Nombre d’entre eux adorent les régimes ou les partis qui
suppriment ou rognent leur liberté (…). Tant que les intellectuels
considéreront comme normal d’appeler lutte pour la liberté de l’esprit et pour
les droits de l’homme, la seule faculté, revendiquée pour eux-mêmes, de plaider
dans l’abstrait pour la liberté tout en la refusant à leurs contradicteurs, et
de se réclamer de la vérité tout en cultivant le mensonge, l’échec de la
culture, son impuissance à exercer une quelconque influence positive sur
l’histoire, dans le domaine moral, se poursuivra dans l’avenir pour le plus
grand dommage de l’humanité. » (Jean-François Revel, "La Connaissance
inutile", 1988)
« Après
la conspiration du silence, l’invective, puis la médisance et la calomnie. Tout
est bon pour invalider, stigmatiser, marginaliser une pensée ou une pratique
hétérodoxe. » (Michel Maffesoli)
«
L’époque est ainsi faite : on se prononce sur des livres et des auteurs qu’on
n’a jamais pris la peine de lire parce qu’on préfère la dénonciation et
l’exécution sommaire à l’inconfort de l’étude et du débat. » (Claude Durand,
1997)
« Les
révisionnistes revendiquent simplement le droit au doute et à la recherche. Ils
n’entendent pas respecter de dogme ou de tabou. Ils proposent un débat ouvert
et public. » (Robert Faurisson)
« Il
parle couramment la vérité, mais personne ne le comprend, car il use d’une
langue morte. » (Jean Cau, "Réflexions dures sur une époque molle",
1981)
«
L’histoire regorge de faits montrant la vérité réduite au silence par la
persécution ; si elle n’est pas supprimée à tout jamais, elle peut être reculée
pour des siècles. » (John Stuart Mill, "De la liberté", 1859)
« Cet
épineux fardeau qu’on nomme vérité. » (Agrippa d’Aubigné)
« L’une
des particularités de ce temps consiste dans la crainte du "vrai"
(…), ce séisme par lequel nous sommes passés si rapidement de l’âge des grandes
certitudes à l’âge de l’indifférence à la réalité. » (Chantal Delsol)
« Les
hommes ont une peur insurmontable de la vérité : ils restent, pendant toute
leur vie, de grands enfants qui jouent à cache-cache. » (Albert Guinon)
« La
vérité est éternelle : on la méconnaît, on l’outrage ; mais on ne l’anéantit
pas. » (Anonyme)
«
Remettre dans le monde la vérité, combattre toutes les erreurs, faire la guerre
au mensonge, à l’hypocrisie qui le couvre, à la fausseté qui l’excuse ou le
justifie, voilà le premier point à réaliser, car c’est de la vérité, seulement,
que peut sortir la concorde, et la vérité manque dans l’ordre social parce
qu’elle manque dans l’ordre moral. L’erreur s’est glissée partout, (…) elle
règne en souveraine maîtresse. » (Céline Renooz, 1897)
« La vérité
(…) a quelque chose de toujours scandaleux, d’éminemment et de perpétuellement
choquant. Aussi ne se reconnaîtra-t-elle pas en premier lieu par son
universelle acceptation mais par son universelle capacité à produire
questionnements, incompréhensions, épreuves ou rejets. » (Vincent Morch,
"Petit éloge de la vérité", 2015)
«
L’humanité repousse la vérité et se fâche quand on la lui dit, elle aime à être
trompée ! » (Paul Brulat, "Le Reporter", 1898)
« Seule
une vérité qui ne s’oppose à aucun intérêt ni plaisir humain reçoit bon accueil
de tous les hommes. » (Thomas Hobbes)
« Si la
vérité passait dans la rue avec la même puissance que les automobiles, elle
jetterait la boue sur bien des visages. » (Ahmed Aroua, "Comme les fleurs
de cactus", 1992)
« Les
avantages du mensonge sont d’un moment, et ceux de la vérité sont éternels ;
mais les suites fâcheuses de la vérité, quand elle en a, passent vite, et
celles du mensonge ne finissent qu’avec lui. » (Denis Diderot)
«
Étrangement, on en veut souvent à la personne qui vous dit une vérité difficile
à entendre, impossible à croire. » (Marc Lévy)
« Je ne
suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour
que vous puissiez le dire » (Evelyn Beatrice Hall)
« Rien ne
me découragera jamais d’examiner les idées a priori les plus contraires à
celles admises, ou que j’admets. C’est même, si l’on y réfléchit, la condition
de toute pensée. » (François Taillandier)
« Une
idée s’affirme d’autant plus puissamment qu’elle rencontre une résistance qui
l’oblige à se blinder. Sans contradicteurs, nos idées se déliteraient dans le
relativisme et l’incertitude. Nous finirions par nous lasser de nos plus
intimes convictions. » (Georges Picard, "Tous fous", 2003)
«
L’important dans la vie, c’est d’être honnête et sincère. Il ne faut mentir à
personne, pas même à soi-même... » (Jean-Charles Harvey, "Les
Demi-civilisés", 1934)
«
Lorsqu’un homme honnête découvre qu’il est dans l’erreur, il cesse de commettre
cette erreur, ou bien cesse d’être honnête. » (Anonyme)
« De même
que, selon moi, rien n’est plus beau que de voir la vérité, rien aussi ne me
paraît plus honteux que de prendre le faux pour le vrai. » (Cicéron)
Je ne
peux m’empêcher de citer un autre mot de Camus qui résume à merveille l’affaire
Garaudy:
« Il
vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux
font quatre est puni de mort. » (Albert Camus, "La Peste"). C’est en
un sens presque logique et normal car : « C’est avoir tort que d’avoir raison
trop tôt. » (Marguerite Yourcenar)
Je suis
persuadé qu’il aura le dernier mot, et ces citations renforcent ma conviction :
« Le
monde te sera reconnaissant d’oser du nouveau, et de ne pas lui demander
toujours d’abord la permission de passer de l’idée à l’acte. Car l’ancien ne
vaut plus grand-chose, nous en faisons l’expérience jour après jour. » (Anselm
Grün, "Petit traité de spiritualité au quotidien", 1998)
« Courage
et confiance ! Travaillez énergiquement pour la bonne cause, pour la vérité, la
justice et la liberté, et soyez sûrs que vous ne vous en repentirez jamais. »
(Charles de Montalembert)
«
Exercez-vous à voir large, net et simple, et allez tout droit, paisiblement,
sans vous inquiéter de ce qui se dit » (Teilhard de Chardin)
« L’un
des secrets du monde, c’est qu’on a quelquefois le devoir de faire ce qu’on n’a
pas le droit de faire - le corollaire étant qu’on n’a pas le droit de faire ce
qu’on a le devoir de faire. » (Vladimir Volkoff)
«
"Malheur à celui par qui le scandale arrive !" Mais, avec le recul du
temps, on s’aperçoit que la plupart des grands progrès humains sont dus aux
penseurs libres qui, à un moment de l’histoire, ont eu le courage de faire
scandale. » (Albert Bayet, "Histoire de la Libre Pensée", 1959)
« Aucun
progrès n’a jamais été réalisé dans les sciences, la religion, la politique
sans qu’il y ait eu controverse. » (Lyman Beecher)
«
D’abord, ils vous ignorent. Ensuite, ils vous ridiculisent. Puis, ils vous
attaquent et veulent vous brûler. Et enfin, ils construisent des monuments en
votre honneur. » (Nicholas Klein)
« Le bon
sens réunit tout d’abord la majorité, mais contre lui ! Ce n’est qu’après avoir
épuisé toutes les formes de l’erreur, qu’on arrive à la vérité. » (Alphonse Karr)
« Ainsi
notre intellect a pour fonction de réaliser la vérité par la voie de l’erreur,
et notre connaissance consiste uniquement à brûler sans cesse l’erreur pour
libérer la lumière de la vérité. » (Rabindranath Tagore, "La Réalisation
du but suprême", 1913)
*
À propos
des personnalités de la qualité et de la trempe de Garaudy :
« Tout
homme qui est un vrai homme doit apprendre à rester seul au milieu de tous, à
penser seul pour tous - et, au besoin, contre tous. Penser sincèrement, même si
c’est contre tous, c’est encore pour tous. L’humanité a besoin que ceux qui
l’aiment, lui tiennent tête et se révoltent contre elle, quand il le faut. Ce
n’est pas en faussant, afin de la flatter, votre conscience et votre
intelligence, que vous la servirez ; c’est en défendant leur intégrité contre
ses abus de pouvoir : car elles sont une de ses voix. Et vous la trahissez, si
vous vous trahissez. » (Romain Rolland, "L’Un contre tous", 1917).
« Ce
n’est assurément pas par ambition ou par intérêt, encore moins par vanité, que
quelques hommes s’obstinent à soutenir des opinions en apparence décréditées,
qui ne conduisent ni aux honneurs ni à la fortune, et font taxer leurs écrits
de paradoxe (…). C’est uniquement par respect pour leur nom, et de peur que la
postérité, s’ils y parviennent, ne les accuse d’avoir cédé au torrent des
fausses doctrines et des mauvais exemples. » (Louis de Bonald, "Pensées
sur divers sujets", 1817)
« L’homme
de génie qui décrie une erreur générale, ou qui accrédite une grande vérité,
est toujours un être digne de notre vénération. » (Denis Diderot)
« On a
mécontenté tout le monde ? Il y a des chances pour que l’on ait dit la vérité.
» (Leconte de Lisle)
«
Lorsqu’un vrai génie apparaît dans le monde, vous le reconnaissez à ce signe
que tous les sots se liguent contre lui. » (Jonathan Swift)
« Ce qui
caractérise surtout le vrai sage, c’est un sentiment profond d’ordre et
d’harmonie. Toute erreur lui est pénible, tout mal l’afflige, toute injustice
l’indigne ; partout où l’humanité souffre, il la défend ; il la venge partout
où elle est opprimée. Sensible, généreux, impartial (…), ami des hommes,
sectateur du vrai et du beau, prêt à s’immoler au bien public, il est le plus
utile et le plus sublime des héros, le bienfaiteur de l’humanité, l’organe
particulier de l’ordre universel, le plus grand des hommes. » (Étienne de
Senancour, "Rêveries sur la nature primitive de l’homme", 1798)
« De nos
jours, nous voyons souvent mentionner le courage ou l’audace avec lesquels
certain rebelle s’en prendra à une tyrannie séculaire ou à une superstition
désuète. Ce n’est pas faire preuve de courage que de s’en prendre à des choses
séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L’homme
réellement courageux est celui qui brave des tyrannies jeunes comme le matin ou
des superstitions fraîches comme les premières fleurs. Le seul et authentique
libre-penseur est celui dont l’esprit est aussi libre de l’avenir qu’il l’est
du passé. Il se soucie aussi peu de ce qui sera, que de ce qui fut ; il ne se soucie
que de ce qui devrait être. » (Gilbert Keith Chesterton, "Le Monde comme
il ne va pas", 1910)
*
Les
efforts de tels hommes profiteront, certes oui, à l’inéluctable triomphe ultime
du Bien :
«
Souvent, il faut être un déviant minoritaire pour être dans le réel. Bien qu’il
n’y ait apparemment aucune perspective, aucune possibilité, aucun salut, la
réalité n’est pas figée à jamais, elle a son mystère et son incertitude.
L’important est de ne pas accepter le fait accompli. » (Edgar Morin, "Vers
l’abîme ?", 2007)
« Le
temps mûrit toutes choses ; par le temps toutes choses viennent en évidence ;
le temps est père de la vérité. » (François Rabelais)
« On est
souvent traqué par la vérité et obligé de lui rendre les armes. (…) Et quand
tous les méchants se ligueraient, et quand toutes les calomnies
s’associeraient, ils ne feraient ni reculer ni trembler la vérité. » (Anne
Barratin)
« Dans la
guerre sans merci que se livrent vérité et mensonge, le mensonge gagne la
première bataille et la vérité la dernière. » (Mujibur Rahman)
« Si vite
que coure le mensonge, la vérité un jour le rejoint. » (Jacob Cats,
"Miroir des temps anciens et modernes", 1632)
« Toute
vérité passe par trois étapes : d’abord, elle est ridiculisée ; ensuite, elle
est violemment combattue ; et enfin, elle est acceptée comme une évidence. »
(Arthur Schopenhauer)
« Si la
vérité vainc tout, ce n’est pas qu’elle soit plus forte, c’est qu’elle dépasse
toute opposition et tout plan d’existence. Elle les dépasse sans avoir d’effort
à fournir (…). La vérité ne combat pas, elle est la victoire. » (Jean Borella)
« Mais je
crois plutôt à une marche constante vers la vérité. C’est de la connaissance
seule de la vérité que pourra naître un état social meilleur. » (Émile Zola)
« Les
nobles protestations dont nous sommes témoins me remplissent de confiance en
l’avenir. La justice et la vérité, même méconnues de tout un peuple, resteront
la justice et la vérité, c’est-à-dire des choses supérieures aux aberrations
d’un jour. » (Georges Clemenceau, "Vers la réparation", 1899)
*
Il y aura
réparation, je n’en doute point. Les braves et authentiques dissidents auront
le dernier mot. La vérité est toujours victorieuse à terme, elle est assurée de
l’emporter tôt ou tard… Tout ce qui n’est pas fondamentalement vrai est voué à
disparaître : de tout temps les grands instructeurs de l’humanité ne cessent
d’assurer, qu’au bout du compte rien ne saurait prévaloir contre la force de la
vérité ! Vivement un salvateur printemps des consciences, à l’échelle du monde,
qui mette un terme au règne de la loi du plus fort ! Et aussi au règne de
l’argent. Mais surtout à celui de la loi du mensonge. Le système dominant est
ébranlé dans ses fondations : c’est un colosse aux pieds d’argile, et j’affirme
qu’il n’a point d’avenir. Parce que tout y est faux... Or le monde de demain
doit être bâti sur le roc solide de la vérité. Il n’est jamais trop tard pour
bien faire. Oui l’amour sauvera le monde, mais en étant allié à la vérité.
« Certes
le faux est voué à s’évanouir comme une vapeur légère. » (Coran, 17, 81)
« Vous
connaîtrez la vérité, et la vérité vous délivrera. » (Évangile selon Jean, 8,
32)
A. D.
Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest
Libellés :
Citations,
Divers auteurs,
Roger Garaudy