Je frémis toujours à l’annonce d’une nouvelle galette de la bande à Mike Scheidt. Le stoner doom inimitable de Yob ne peut laisser insensible et des titres comme « Universe Throb », « Doom #2 » ou « Grasping Air » sont des pures bombes.
Loin des mélopées éthérées d’un « Catharsis », des vrombissements chtoniens (« Atma ») ou des tempi plus rock tels « Nothing to Win », cet album respire la douleur et la peine. Des titres comme « Ablaze », « Beauty in Falling Leaves » ou « Original Face » s’apprivoisent en douceur, comme un animal apeuré.
Le son, à l’« image » de la voix, est usé, passé, délavé, mais garde une puissance hypnotique, avec ces riffs qui tournent ad libidum (ou ad nauseam, c’est selon).
« The Screen », lui, assomme, tel le rouleau compresseur qu’il est. Il casse presque l’ambiance citée plus haut, il dégage plus de colère contenue. Pour ma part je trouve qu’il fait un peu tâche dans le tableau.
Le dyptique « In Reverie / Lungs Reach », plus classique dans la partie centrale, dégage une certaine froideur.
Reste le titre éponyme de clôture, « Our Raw Heart », avec ses arpèges effleurés en intro et ses quatorze minutes qui me font penser à « Diamond Sea » des Sonic Youth sur Washing Machine, je ne sais pas pourquoi.
Mike Scheidt semble soulager ici les problèmes de santé qu’il a vécus fin 2017 (Atteint de Diverticulite Aigüe si j’ai bien tout compris), et livrer ses démons.
Un album curieusement moins accessible que certains de ses précédents, mais qui semble plus personnel, plus pur (d’où, nonobstant, le titre). Recommandé ? Certainement !