« Faire la figue » (far la fica) consiste à glisser le pouce entre l’index et le majeur. Ce geste très méditerranéen de mépris et de raillerie remonte à la plus haute antiquité : on le trouve par exemple chez Juvenal : « Pour lui, de la Fortune insultant la menace, il l’envoyait se pendre et lui faisait la figue. » (quum Fortunæ ipe minaci Mandaret laqueum , mediumque ostenderet unguem ».
Durer Etude de main, 1496, Albertina, Vienne Le Calvaire, Pseudo Jan Wellens de Cock, vers 1520, Rijksmuseum, Amsterdam (d’après un dessin de Dürer), détailCliquer pour voir l’ensemble
Le geste a intéressé Dürer il en a fait une étude à la suite de son premier voyage en Italie, qu’il a ensuite utilisée dans un grand dessin de 1505, le Calvaire, pour un soldat qui se moque du Christ.
Le geste aura un certain succès dans la peinture caravagesque.
Jeune homme aux figues
Simon Vouet cc1615, Musée des Beaux Arts de Caen
Dans ce tableau de Vouet dont la signification est perdue, un jeune homme efféminé nous montre d’une main le fruit, de l’autre le symbole. Peut être une allusion au caractère sexuellement ambigu de l’arbre (les figuiers mâles sont indiscernables visuellement des figuiers femelles, les deux donnent des fruits et produisent une sève blanche).
Voir l’article d’Agnes Giard, http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2014/08/que-signifie-faire-la-figue-.html#comments )
Pour un autre exemple de geste de la figue clairement obscène chez Vouet, voir 2 La diseuse et sa mère (Vouet).
Pour une étude du geste dans la peinture caravagesque, voir l’analyse d’Annick Lemoine dans le catalogue de l’exposition « Les bas fonds du Baroque », p 29 et ss, Petit Palais, 2015).
Pour une étude historique et anthropologique, voir l’article de Jean-Marie Lamblard ( http://lamblard.typepad.com/weblog/2014/09/la-main-figue-ou-mano-fica.html)