Quel avenir pour l’autoédition ?

Publié le 14 juin 2018 par Aude Mathey @Culturecomblog

Longtemps ignorée par les éditeurs, l’autoédition fait de plus en plus d’émules parmi les écrivains. Le principe est très simple : vous écrivez un roman et vous le publiez à vos frais. Cette approche vous oblige à renoncer aux ressources et au prestige d’une maison d’édition. Cependant, elle vous laisse votre liberté artistique tout en réduisant les intermédiaires entre vous et vos lecteurs. Aujourd’hui, rien de plus facile que d’éditer un livre à son nom grâce au numérique. Ainsi, le Huffington Post nous apprend que 20% des livres parus en 2016 ont été autoédités, contre 10% en 2010. De plus en plus médiatisée, l’autoédition relance positivement l’industrie du livre.

Amazon ou le succès de l’autoédition

Face à un monde de l’édition de plus en plus fermé, les auteurs ont décidé de prendre les choses en main, notamment grâce à l’impression à la demande et au format numérique. Amazon lance dès 2007 son service Kindle Direct Publishing qui permet à n’importe qui de publier un livre, peu importe la thématique. C’est un succès immédiat : le processus d’édition devient simple, facile et rapide. Plus besoin de s’adapter aux lignes éditoriales des maisons d’édition et de renoncer à une grande partie des bénéfices, l’auteur devient maître de son roman.

Chez Amazon, ou d’autres plateformes françaises en ligne comme Edilivre ou Bookelis, tous les livres sont acceptés. C’est comme ça que le roman d’Amélie Antoine Fidèle au Poste, plusieurs fois refusé par les grandes maisons d’édition, devient numéro un des ventes en ligne sur Amazon en 2015. Ce succès lui permet par la suite d’être contacté par Michel Lafon qui publie son roman en 2017. Et cette histoire semble inspirer plus d’un écrivain. Sur les 100 meilleures ventes de livres au format Kindle, près de 40% sont issus de l’autoédition. Mais d’où vient un tel engouement pour ces romans ?

Les clés du succès de l’autoédition

Comment des auteurs inconnus au bataillon et sans responsable marketing à leur côté arrivent-ils à se placer en tête des ventes de livres numériques ? On peut reconnaitre trois raisons principales à ce succès flagrant :

  • La diversité des tâches : les auteurs indépendants se transforment aujourd’hui en éditeurs indépendants. De la correction, au graphisme, en passant par la communication et l’impression du livre sur des sites comme print24, tout est à la charge de l’écrivain. Ainsi, même si la publication du roman va relativement vite, il faudra faire preuve de temps et de patience pour espérer voir des résultats financiers.
  • La diversité des genres : tous les genres sont acceptés et représentés dans les catalogues en ligne. Mais les plus grosses ventes sont les « feel-good books », qui remplacent peu à peu les romans de gare dénigrés par les maisons d’édition et pourtant appréciés du grand public. Autre tendance : les livres érotiques de la veine de Fifty Shades of Grey, roman auto-publié en 2011 avec le succès que l’on connait, et les guides pratiques de type cuisine et bricolage.
  • Les petits prix : ce qui semble faire le succès des romans autoédités, ce sont surtout leurs prix de vente particulièrement attractifs. Agnès Martin-Lugand, auteure du best-seller Les gens heureux lisent et boivent du café admet ainsi avoir fixé le prix de son livre à 0,89 centimes afin de voir les ventes décoller et apparaître dans le top 100.

Au final, l’autoédition est appréciée car elle offre une liberté nouvelle aux écrivains, mais également aux lecteurs qui décident quels livres suscitent leur intérêt, sans passerelle intermédiaire.

Alors, avenir ou phénomène de mode ? Seul le temps nous le dira. Une chose est sûre : l’autoédition relance l’espoir des millions de personnes souhaitant publier un livre mais ne se sentant pas à la hauteur des maisons d’éditions. De quoi bouleverser significativement le monde de la littérature.