Je pardonne Woody Allen de fréquenter la fille adoptive de son ancienne partenaire de vie. C'est une hygiène extrêmement inconfortable que je ne supporterais probablement pas dans mon entourage, et je suis un grand apôtre du "non-non" dans les écarts d'âge démesurés entre partenaires de vie.
Woody ne serait pas mon ami au civil, disons.
Je n'ai jamais lu Louis-Ferdinand Céline. Car l'homme, à la ville était vil. Mais je reconnais la valeur artistique et historique de Céline. La littérature moderne lui doit beaucoup. Et le lirai un jour.
Je respecte assez peu le rap pour ses valeurs misogynes. mercantiles et risibles. Mais j'en accepte quelques incursions ici et là.
J'ai toujours séparé l'intime de l'oeuvre publique.
Mais ça ne fonctionne pas partout.
Je n'écouterais pas en entier un spectacle de Dieudonné par exemple.
Je n'écouterais jamais plus la voix du trop bien nommé ancien groupe Noir Désir, non plus.
Le tempérament violent de Cantat n'a plus besoin de preuves, il est toxique. Nocif. Fatal. Cantat, en privé, est ignoble. Inhumain.
La violence faite aux femmes de l'ancien chanteur de Noir Désir est indéniable, mais des gens veulent encore le voir et l'entendre sur scène. Ce qui est leur droit. On a pas à vivre dans le corset moral dont parlait Flaubert.
Le 7 juin dernier, Cantat en a rajouté sur scène. Au Zénith. Il a pris le micro et a craché sur les journalistes et le traitement qu'ils lui faisaient vivre. Il était la victime.
Certains croient au droit à la réhabilitation. Ce qui reste quelque chose de possible. Et d'honorable lorsque réussi.
Mais la scène et sa musique nourrit son caractère agressif. Je crois personnellement qu'il a le devoir moral à la discrétion à vie. À une mort publique. Au silence et à l'effacement.
Eric Salvail réapparaîtra dans plusieurs années. Si il réapparait. Il a de l'expérience de producteur en banque, il pourrait rester derrière les caméras pour le reste de sa vie.
La prod pour Cantat serait un bon refuge.
Un refuge.
Ce que Marie et Christina n'ont jamais trouvé.
Cantat est la source de fins prématurées.
Salement malsaines.
C'est un cas de l'homme avec un petit "h" faisant de l'ombre, à jamais, à l'artiste.
Il ne faudrait pas banaliser le violence qui se dégage de Cantat. C'est une bonne nouvelle qu'il descende de la scène. Qu'il soit en coït interrompu avec l'osmose narcissique qu'il allait boire, soir après soir, au micro.
Les violences conjugales ont déjà été de l'ordre de l'intime et du privé et il n'était du devoir de personne de s'en mêler.
Ce temps est aussi révolu que l'époque où on pouvait dire à une femme au foyer:
"Ah! donc vous ne faites rien de vos journées!"
La victime ne sera jamais Bertrand Cantat.
Même si il travaille fort à le présenter comme ça.