Ce roman de Véronique Mougin raconte le parcours de vie exceptionnel de Tomas Kiss, un jeune garçon de 14 ans, bien décidé à ne jamais devenir couturier comme son père. Malheureusement pour lui, en 1944 à Beregszàsz, un petit village situé alors en Hongrie, il ne fait pas bon d’être juif. Stigmatisés, leurs conditions de vie se dégradent très vite et toute sa famille se retrouve finalement déportée dans des camps de concentration, où il deviendra le matricule 55789. Afin de survivre au milieu de l’horreur, il doit faire preuve de beaucoup d’ingéniosité… et même apprendre à coudre. Après la guerre, il deviendra d’ailleurs célèbre dans le monde de la haute-couture…
Pour être honnête, j’avais quelques appréhensions avant d’entamer cette lecture. Outre la crainte de me farcir un énième roman sur la Seconde Guerre mondiale et sur les camps de concentration, j’avais surtout peur de cette incursion annoncée dès le titre dans l’univers de la mode. Je me suis cependant très vite attaché au personnage de Tomi, j’ai ressenti ses peurs et ses souffrances, découvert les ruses qui l’ont sauvé d’une mort certaine, avant de me plonger avec grand soulagement dans le monde foisonnant et rayonnant de la haute couture, content d’être sorti de l’enfer et de vivre cette belle époque de l’après-guerre où les jupes et les couleurs effacent progressivement les tenues rayées des prisonniers…
Si cette narration à la première personne fait inévitablement mouche, nous projetant au plus près de cette victime de la page la plus sombre de notre Histoire, le récit est régulièrement entrecoupé de chapitres en italique, proposant des témoignages de personnages qui gravitent autour de Tomi. Ce procédé particulièrement ingénieux permet d’offrir des regards supplémentaires/différents sur cette histoire totalement bouleversante. Puis arrive ce dernier chapitre, permettant de faire le lien entre ce déporté dorénavant âgé de 88 ans et une auteure que l’on se doit de remercier d’avoir su briser le vœux de silence de Tomi et d’être parvenue à mettre les mots justes sur ces souvenirs enfouis. Une conclusion qui donne tout son sens au titre et qui ajoute une dimension supplémentaire à ce témoignage poignant, tout en nous invitant à ne jamais oublier… afin d’éviter que l’histoire ne se répète !
Un gros coup de cœur !
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