Vies volées de Mayalen Goust (illustrations) et Matz (scénario) 3,5/5 (25-01-2018)
Vies volées (80 pages) est disponible depuis le 10 janvier 2018 aux Editions Rue de Sèvres.
L’histoire (éditeur) :
En Argentine, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, 500 bébés ont été arrachés à leurs mères pour être placés dans des familles plus ou moins proches du régime. Plusieurs années après cette tragédie, les grands-mères de ces enfants ne cessent de se battre pour les retrouver. Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans qui s'interroge sur sa filiation décide d'aller à la rencontre de ses grands-mères accompagné de son ami Santiago et décide de faire un test ADN, Les résultats bouleverseront les vies des deux jeunes gens et de leur entourage.
Mon avis :
Mario, alors que les grands-mères de la place de mai sont en quête de leur petits-enfants volés à leurs parents (souvent assassinés) durant la dictature, décide de lui aussi connaitre (ou faire le point) sur ses origines. Déstabilisé par son physique bien trop différents de celui de son père et de sa mère, il décide d’entreprendre des démarches pour faire un test ADN lui permettant de lever le voile sur ses doutes.
Soutenu par son ami Santiago, qui lui ne voit aucune importance a lien du sang (croit-il), clamant préférer une filiation parentale basée sur l’amour et la présence physique plutôt que sur la génétique, ils se rendent tous les deux à la clinique où Santiago tombe follement amoureux de Victoria, une infirmière elle-même victime de la dictature et à la recherche de ses véritables parents. Alors, pour faire le fanfaron, il se lance aussi dans les tests, espérant utiliser cette manœuvre pour impressionner et se rapprocher de la belle. Mais évidemment les retours, autant pour celui de Mario que pour celui de Santiago, ne sont pas ceux auxquels ils s’étaient attendus.
Au-delà de l’histoire sombre de l’Argentine, celle terrible des bébés volés durant les années de dictature, il s’agit d’histoire d’hommes et de femmes. D’un côté celle de ceux qui sont en quête de leurs origines pour se construire (ou bien évidement pour ces célèbres grands-mères de la place de mai de retrouver leur descendance). Et de l’autre, l’histoire des disparus, qui ont lutté contre la dictature et périt dans des conditions atroces (le plus souvent jeté d’un avion ou d’un hélicoptère en plein ciel).
Le scénario qui s’inscrit dans un contexte véridique d’un réaliste sociale et historique terrible m’a beaucoup plu. J’ai trouvé là une grande finesse dans les dessins, chez les personnages, dans le déroulé de l’histoire (qui expose la cruauté du passé sans jamais développer plus que nécessaire, parfois simplement dans une situation, un regard) et dans cette manière d’interroger le lecteur sur les liens filiaux, la quête d’identité, les liens du sangs et l’importances des origines.
Vies volées est une très belles bande-dessins aux dessins aussi fins et sensibles que l’histoire.