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Bluetooth connection, chronique sur un air de Sanseverino

Publié le 07 juillet 2008 par Sammy Fisher Jr
Nous vivons une époque moderne et fascinante. Au temps du fier mousquetaire d'Artagnan, quand on souffrait des dents, on vous faisait asseoir sur une robuste chaise dont on vous priait de tenir fermement les accoudoirs, puis le barbier, se saisissant de sa plus grosse tenaille, vous soulageait, d'un coup de poignet vigoureux, d'un écu et de quelques molaires. Voire davantage si le besoin s'en faisait sentir. Aujourd'hui, non seulement nous pouvons être soignés préventivement, mais en plus ceci se fait dans des sièges de science-fiction qui montent, descendent, s'inclinent, pivotent, comptent jusqu'à huit, donnent la patte, font le beau, font mille autres tours variés, sans le moindre bruit. Pas le plus petit chuintement de vérin. C'est un vrai régal de s'allonger sur un tel bijou technologique.
Bluetooth connection, chronique sur un air de Sanseverino
La classe internationale à la portée de toutes les bouches
Malgré tout, vous fermez les yeux pour ne pas trop en voir, il ne faut pas abuser de tels plaisirs, et on pourrait finir par se blaser. De temps en temps vous les rouvrez, louchez sur ceux du praticien, et replongez aussitôt dans une intense méditation. Celle-ci ne tardera pas à être troublée, quand l'homme de l'art vous demandera de vous rincer la bouche. Ne vous y trompez pas, ce n'est qu'un prétexte pour ajuster à sa lance quelque nouvel harpon. Profitez-en pour noter le drôle de petit jet d'eau qui sort de vos lèvres disjointes, de façon totalement incontrôlée, à cause des premiers effets de l'anesthésie. C'est très rigolo, on peut jouer à se prendre pour un cachalot. Ne jouez toutefois pas trop longtemps, sinon il va se rendre compte que vous le faites exprès. D'autant plus qu'il continue à jouer de son côté, en vous enfournant toute la ménagère en argent de tatie Germaine dans la bouche. Et son petit miroir de sac. Et un petit aspirateur -le balai brosse ne pouvait plus rentrer- qui apporte une touche que vous pensez finale à l'ensemble. Hormis les charmants petits outils d'amateur de modélisme qu'il manie avec une grâce et une dextérité faisant plaisir à voir, vous ne doutez pas que le test de vos compétences d'avaleur de sabres ne s'arrête là. Lourde erreur.
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Lampe à polymériser

Alors que vous commencez à vous détendre -vous venez de comprendre que vous crisper ne servirait à rien- il en profite pour vous attaquer au matériel de travaux publics. Kärcher, disqueuse et marteau piqueur rentrent dans votre bouche et en action, signalant leur arrivée par d'inquiétantes vibrations qui menacent de séparer votre mâchoire inférieure de sa voisine du dessus. De temps en temps, sans doute pour se repérer dans ce chantier, il vous braque dans la bouche une torche bleue, dont il se protège à l'aide d'un petit disque couleur d'ambre. Mais les travaux touchent à leur fin. Il enlève les bandes de chantier rouge et jaune, pose son casque sur une petite table, essuie la sueur perlant de son noble front. Au loin, on entend un camion reculer tandis qu'une assistante dévouée ramasse un à un les cônes de signalisation. Encore quelques minutes et vous pourrez couper le ruban inaugural. D'ailleurs il vous tend un petit papier bleu qu'il vous demande de mordre. C'est sans doute un rituel. Mordez-le de toute votre énergie pour lui prouver votre reconnaissance. Le papier, pas le dentiste.
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Profitez maintenant du calme revenu pour lui poser moult questions ; il ne pourra refuser de vous répondre, maintenant que vous êtes devenus des intimes ; vous lui avez quand même montré votre intimité buccale, ce n'est pas rien. Et il est toujouws won d'awrendre de ses wairs les connaissanches qu'ils zont à vous tranchmettre. Ne tentez même pas d'articuler. Vous ne feriez qu'accentuer votre ridicule. Sortez en reculant et en vous inclinant tous les dix pas en signe de soumission. Et n'oubliez pas : avoir peur ne permet pas de payer moins cher.

Sanseverino c'est bon, mangez-en!

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