Plus jeune, quand on me mentait, quand on NOUS mentait, tous mes amis proches sont comme moi, à moins d'y trouver une raison dans l'humilité personnelle, ou dans le tabou familial, la personne qui se faisait coincer à mentir perdait sa crédibilité à vie.
Martin, dans la chambre de hockey, 1987:
"Moi je suis gaucher quand je lance au baseball"
Moi:
"Mais non, les gauchers du lancer sont pratiquement toujours droitiers au hockey, c'est lié au développement du cerveau!"
Un autre:
"Prouve-le, lance cette balle de papier collant dans la poubelle avec une motion de lanceur."
Il s'exécute, impossible qu'il soit gaucher, toute la chambre part à rire. Martin n'a plus jamais été crédible. On ne pouvait plus le croire sur rien. Il parlait mais ça tombait toujours dans le vide. Comme on ne pouvait pas lui faire confiance, on préférait cesser de douter de ce qu'il pourrait dire et on le laissait parler dans le vide. Ne nourrissant jamais la conversation avec lui à moins que ce ne soit absolument nécessaire ou utilitaire. Il s'était tué socialement.
On ne le saluait même plus au CEGEP. Mentir c'était se cimenter perdant pour tout le temps.
Kim Jong Un et Donald Trump ont été surpris à mentir des tonnes de fois. Un hilarant lapsus est survenu lundi soir, sur les ondes de Fox, la station "amie" de Donald Trump. L'animatrice a dit dans un flot d'excitation: "...this historic meeting between the two dictators..."
Tordant.
Kim l'est, tout simplement, l'autre en a tous les attributs, le peuple qui le regarde, mais surtout les journalistes, étant trop dans le chemin pour qu'il y arrive complètement. L'animatrice a pris un raccourci. Kim, son peuple, n'a aucune voix.
Mais elle ne se trompait pas tant. La pomme et l'arbre ont un lien.
Kim & Dong, deux menteurs, se sont donc rencontrés. Sous les yeux du monde entier. Pour un moment de téléréalité surnaturel. Offrant des commentateurs politiques de grand talent. Beaucoup beaucoup beaucoup de bruit pour rien.
Ce qu'ils ont signé, c'était du rien. Des intentions. De la part de deux menteurs. Kim a signé deux fois des intentions du genre avec le Japon. Jamais rien honoré. Et ces papiers là étaient datés. Avaient des échéanciers. Pas ceux signés par les deux gosses de riche de lundi. Aucun critère, aucun échéancier. Même pas du vague, du très vague.
On a signé sur la dénucléarisation de la péninsule. Mais les mots "irréversible et vérifiable" ne sont pas dans le document. Ni les mots "inspecteurs" et sa famille de mots. Et la péninsule, ça inclurait donc la Corée du Sud. Qui sont protégés par le parapluie nucléaire des États-Unis. Du moins, en théorie. Le sont-ils maintenant moins? Beaucoup beaucoup de questions subsistent. Le Japon veut vite un briefing. La Chine, qui avait prêté l'avion personnel de Xi Jing Ping, aura son briefing "et puis? est-il aussi abruti qu'on le dit?".
Le document n'oblige Kim Jong Un à absolument rien. Son pays a été avisé de cette visite à Singapour quelques heures avant qu'elle ne surviennent et on leur a présenté des images de sa marche en ville. Le peuple coréen est nourri à l'idée que le peuple des États-Unis est l'ultime ennemi depuis toujours. (nous, on le découvre). La vision de leur président, main dans la main avec celui de l'ennemi les as inquiété autant que rassuré. Leur Kim est un homme de paix à leur yeux. Il est maintenant si fort qu'il a dompté l'ennemi. C'est comme ça que ce peuple, dominé par la dictature, a lu ce moment.
Nous, on a beaucoup ri.
Dong qui trouve de gentils mots pour le dictateur, Dong qui aime aussi Erdogan, ce Turc qui a maintenant emprisonné près de la moitié des journalistes de son pays, qui aime Poutine, le roi des menteurs et un despote, mais qui insulte le Canada...pour quoi déjà? Pour avoir dit "nous ne nous laisserons pas intimider?".
N'est-ce pas ce que tu dis grande cloche? Partout où tu passes?
Justin l'avait dit AVANT le G7. Il ne l'a que répété! On voudrait donc nous voir nous coucher comme des chatons face aux chiens?
Mais le Canada ne trouve que des appuis à son G7. Et il se trouve une frange, malade, de la population des États-Unis pour penser que leur homme livre "la good fight". Il n'est pas des leurs. Il n'est pas de "l'élite". (Donc tout le monde habite une tour en or et a eu un petit million de papa pour se partir en affaires?) Il devait montrer qu'il était le cowboy du bal. He shoots from the hip. Mais notre pays n'a jamais été aussi uni.
Les chiens aboient et la caravane passe.
Cette phrase n'a jamais été plus incarnée que depuis la présidence Trump.
Et sa diplomatie du Tweet.
Une ignominie.
Vous en avez pas plein le tricycle de Twitter?
Kim ne mettra jamais aux poubelles ce qu'il vient de pratiquer avec succès.
Ce tyran a maintenant été légitimisé par l'atroce président des États-Désunis.
Dong a une capacité de concentration limitée. On a souvent dit que son influence principale est trop souvent la dernière personne avec laquelle il a parlé.
Ce qui lui a fait dire cette chose incroyable comme "Les entrainements de soldats en Corée du Sud sont une provocation pour la Corée du Nord". Ce qui devait assurément être l'argument que lui avait présenté Kim, beaucoup plus intelligent que son vis-à-vis.
Kim & Dong c'était du rien. Une opération photo. Un selfie.
De deux clowns. Des caricatures.
Deux menteurs qui seront cimentés comme perdants dans le futur assez récent.
Au niveau symbolique ça avait une valeur. Au niveau réel, assez peu.
Qui restera fragile.
Toujours à un tweet d'un incendie provoqué.
Selon le tempo de la bipolarité.