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Les seins de l'amante, de Timba Bema

Publié le 11 juin 2018 par Francisrichard @francisrichard
Les seins de l'amante, de Timba Bema

Les seins de l'amante est un seul et long poème, charnu et charnel, composé librement par Timba Bema.

Ce poème raconte l'histoire d'un homme qui voit partir un train en direction des steppes du nord, un train qui emporte l'amante et le souvenir qu'il a de ses seins, comparables à

... des mangues que la nuit dernière encore

Allongé sur le côté, tu jugeais d'une caresse du doigt

Pourquoi part-elle?

... elle devait partir avant que le destin s'accomplisse...

Cet homme n'a pas vu venir ce départ, alors que l'amante avait le pressentiment de son impériosité... Et, tandis que s'éloigne le train, il reste figé sur le quai de la gare

Comme profondément ancré dans cette latérite poreuse

A tel point que remuer les cils te paraissait aussi douloureux qu'une punition

Il s'arrache du quai cependant et, à défaut de tenter de rattraper le train, l'amante et ses seins,

Tu étais parti en direction de la ville

Avec la triste intention de remplir ton corps de boisson

Il aurait dû comprendre les signes, entendre le murmure des voix anciennes et pour cela s'imposer silence...

Au lieu de cela, il a fabriqué du bruit et, maintenant, n'a pas d'autre ambition que de fuir... dans la direction opposée à celle du train...

Grâce à la molécule enchantée qui se trouve dans les alcools forts...

Il croit qu'il peut ainsi tourner la page douloureuse :

Mais c'était sans savoir que la molécule enchantée est rusée comme le diable...

Et quand, enfin, il quitte ces hommes qui voulaient simplement se saouler la gueule, il se fait complètement dépouiller sur la route où il s'est mis à marcher...

Il lui reste une image:

Les seins de l'amante étaient là, sous tes yeux, droits et tendus à la convoitise de ta bouche, de tes mains, de ton souffle haletant

Tu répandais une main tremblotante pour les palper, comme dans ton souvenir

Mais, à mesure que tu t'en approchais, ils s'éloignaient dans le train à destination des steppes du nord

Ce qui le sauve, c'est qu'il écoute enfin la voix de son corps qu'il croyait trompeuse et qui lui dit de marcher, en quête de chaleur, au risque de gêner, par sa nudité, ceux qui n'ont pourtant pas oublié

que leurs ancêtres, jadis, allaient nus

encore à l'époque où la civilisation leur était venue, deux siècles plus tôt, par les routes grises de l'océan...

Mais, il se trouve que les hommes n'aiment pas les miroirs

Car ils les renvoient à leurs laideurs

   Lâcheté

   Animalité

Il comprend toutefois, à la fin du poème, quel message son corps voulait lui délivrer et le pourquoi de la solitude qu'il éprouve: il s'est coupé de son histoire... ce qui a fait fuir l'amante, prise de vertige, et imposer la loi du plus fort...

La conclusion selon le poète s'impose d'elle-même:

Maintenant tu sais ce qu'il te reste à faire

Retourner vers ce passé que tu avais longtemps fui

Francis Richard

Les seins de l'amante, Timba Bema, 62 pages, Éditions Stellamaris (sortie le 11 juin 2018)


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