Troisième année pour l’Edition Festival après de très bons souvenirs l’an passé (Seu Jorge, Kadhja Bonet, Kokoko!) avec une affiche un peu plus francophone mais encore une fois cohérente, avec un cadre superbe qu’est le théâtre Silvain en face de la mer.
A cause du mauvais temps la soirée electro disco avec L’impératrice a du être transférée au Dock des suds, mais ce soir la météo sera heureusement plus clémente.
Premier concert marseillais pour le duo Hollydays, avec un guitariste et une chanteuse accompagné d’un troisième complice aux synthés.
Une pop en français dans le texte et bien dans l’air du temps, avec une voix assez agréable à écouter, un peu tristoune en comparaison de la suite mais quelques titres plaisants (surtout « On a déjà » assez tubesque) quelque part entre London Grammar et The XX.
Un peu court par contre, une vingtaine de minutes à peine avant une belle sélection (des Marvelettes à Hercules & Love Affair) pendant que les bars et les stands de panisse tournent à plein régime.
Alors qu’il ne fait pas encore nuit c’est l’épatant Temé Tan qui va essayer d’ambiancer le public assis confortablement et venu principalement pour Camille.
Il y parvient pour une partie des spectateurs, dont certains avec leurs enfants, avec beaucoup de présence, d’inventivité, de talent.
Raté ses trois passages à Marseille (notamment il y a quelques semaines, le soir de la grosse finale de coupe d’Europe, les organisateurs avaient carrément avancé le concert à une heure impossible), c’est enfin la bonne pour votre chroniqueur séduit par sa musique depuis 2-3 ans.
Ce Belge originaire du Congo est tout seul sur scène, uniquement avec une guitare et une MPC, mais la performance est enthousiasmante, principalement grâce à sa voix solaire et son sens du groove.
Son premier album sorti à l’automne dernier prend une autre dimension en concert, avec des titres entre funk, soul et afro qui font mouche comme « Amethys », « Coups de griffe », « Menteur » et surtout « Ça va pas la tête » entêtant à souhait.
Une confirmation pour les initiés et une belle découverte pour certains en attendant la tête d’affiche bizarrement sans musique pendant le dernier changement de plateau.
La nuit est tombée et c’est donc Camille qui revient à Marseille et où elle est venue deux fois l’an dernier, pour un silo complet de chez complet plusieurs mois avant, et avant ça un mini concert un peu frustrant au Moulin pour les fameuses nuits zébrées de Nova.
La fosse s’est bien remplie cette fois mais ce n’est pas complet et on peut se faufiler assez facilement dans les premiers rangs pour ces quelques clichés flous faute de vrais photographes de Liveinmarseille ce soir.
Autant je n’écoute quasiment jamais ses disques après leur sortie autant Camille en concert c’est toujours un régal à la fois visuellement et musicalement, ce fut le cas ce soir avec un spectacle total.
Trois choristes, un pianiste (très vintage les claviers), deux batteurs avec un gong et des percussions, et même un final façon fanfare, les chansons de ses albums (du tout premier single « Paris » au fameux « Ta douleur ») sont revisitées façon soul ou gospel, avec des transitions particulièrement fluides.
Beaucoup de soin dans la mise en scène, les chorégraphies, les lumières, les couleurs, surtout du bleu, avec des ombres chinoises, des changements de tenues, c’est varié et on ne s’ennuie pas une seconde, même pour les morceaux récents.
Le dernier album est évidement très représenté avec « Fontaine de lait », « Lasso », « Fille à Papa », « Je ne mâche pas mes mots » ou encore cet incongru « Twix », mais exit les blagues foireuses ou grimaces à saturation de ses débuts.
Quelques moments assez ludiques comme sur « Les Loups » (dont le remix electro de Chloé est un petit bijou au passage), où elle fait monter une dizaine de fans pour danser la bourrée.
Et en parlant de bourré, elle reprend avec joie le « Too Drunk to fuck » des Dead Kennedys dans une version nettement moins sage qu’à l’époque de sa participation à Nouvelle Vague (Marsatac 2004 ça date)
Et juste après, tout en contrastes elle est au piano pour susurrer toute en retenue son beau « Pale Septembre ».
Trop bizarre pour le grand public, trop bobo pour les indie, les haineux continueront à la dénigrer à chaque matraquage sur Inter, couverture de Telerama ou passage à Taratata et ils auront peut être raison.
Tous les autres ont tout autant de raisons d’aimer ce qu’elle fait au vu de cette belle soirée, c’était encore une fois le cas pour moi.